A Retromobile...
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Rolls Royce Silver Cloud II LWB George Barris."
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La Rolls de Lady Zsa Zsa."
La trilogie de la saga Silver Cloud, traduisez par "nuage d'argent" en Français, débute chez Rolls Royce en 1955 sous la forme d'une opulente berline à châssis séparé et à la ligne semi-ponton d'une classe absolue mais franchement obsolète sur le plan du style. Qu'importe, ça plaît et c'est comme ça! D'ailleurs, qui aurait imaginé une Rolls autrement, pourtant dix ans plus tard la Silver Shadow va tout chambouler avec sa ligne "ponton" 3 volums et sa ligne nettement moins ostentatoire.
C'est un six cylindres en ligne qui motorise la Silver Cloud, un gros moteur 4.9 litres de 155 chevaux qui doit propulser l'immense "péniche" de près de deux tonnes.
En 1959 est présentée la Silver Cloud II, pas de révolution pour son dessin, c'est même le jeu des sept erreurs car le vrai changement à lieu sous le capot où se loge désormais un V8 6.2 litres plus performant, la voiture ayant au passage dépassé les deux tonnes.
En 1963 s'écrit le troisième volet de la trilogie "Cloud" avec la Silver Cloud III, elle est facile à reconnaître grâce à son nouveau regard doté de quatre phares, ce détail modernise grandement son dessin même si au début des années 60 elle fait figure d'antiquité mais la concurrence est quasi inexistante dans cette catégorie, Rolls règne en maître absolu.
Son poids perd une centaine de kilos mais elle conserve son V8. La carrosserie "usine" sera souvent adoptée mais "Park Ward" a réalisé une série de cabriolet bien distincts équipés de leur fameux "Chinese eyes" au regard si particulier. Les trois générations vendues entre 1955 et 1966 s'écouleront à environ 6700 exemplaires.
Comme on peut aisément l'imaginer, la Silver Cloud va immigrer en masse aux Etats-Unis, c'est la voiture qui symbolise le haut de la pyramide sociale et qui montre sa réussite...du moins financière. C'est aussi la voiture des stars, ces vedettes attirés par la lumière aiment se montrer et quoi de mieux qu'une bien grosse Rolls Royce! Mais dans les quartiers riches des grands villes, la Silver Cloud est courante si bien qu'elle ne suffit plus, surtout quand elle est grise. Même si Rolls Royce peut à la carte modifier les équipements et l’aménagement, la marque Britannique ne changera pas la ligne et pour rien au monde elle n’acceptera de la personnaliser. Il reste encore dans les années 60 certains grands carrossiers qui peuvent le faire et en général avec grande classe.
Reste que pour une poignée d'excentrique, ça ne suffisait pas. John Lennon fera peindre la sienne, une Phantom V de manière psychédélique en 1965 et restera dans les mémoires. C'est oublier cette Silver Cloud de 1961 à châssis rallongé (LWB signifiant Long Wheel Base) commandée par une comédienne Américaine d'origine Autrichienne, Zsa Zsa Gabor. Cette croqueuse d'homme au fort tempérament est arrivée en 1941 aux Etats-Unis, elle y rencontrera le succès à Hollywood en tournant avec de grands réalisateurs.
Aimant les strass et autres paillettes, elle avait aussi un grand intérêt pour l'automobile et possédera entre autre une Mercedes 300 SL. En 1978, elle désire faire personnaliser sa Rolls Royce Silver Cloud II de 1961. Pour satisfaire ses exigences, elle se tourne vers George Barris, un des plus grands réalisateurs de modèles excentriques, l'homme est connu pour ses réalisation uniques pour des modèles destinés au cinéma.
Barris prends en charge la voiture dans ses ateliers, l'actrice voulait que sa voiture soit exposée à l'Auto Expo de Los Angeles en 1978. Le champion de la customisation à donc le champ libre, la Silver Cloud devra être une scintillante pépite qu'il faudra contempler avec des lunettes de soleil, attention les yeux!
Le résultat est on ne peu plus "Bling bling". La voiture est peinte en deux nuances d'or et les chromes recouverts d'un placage d'or 24 carats. On remarque à l'avant les phares surdimensionnés de part et d'autre de la calandre dorée. Sous la statuette on trouve le blason aux deux R entrelacés et l'inscription "Zsa Zsa".
Vue de côté on remarque la partie noire au dessus du chauffeur, le toit étant désormais démontable pour en faire un landaulet. Une plaque est fixée en bas des ailes qui explique qui était le créateur et à qui était destiné cette pièce unique, on trouve sur les portes arrières les inscriptions "Zsa Zsa" en lettre d'or surmontés d'une couronne stylisée. Les vitres sont elles gravées d'arabesques et de dessins délicieusement kitsch, elles sont signées de l'artiste Robb Rich. Plus important est la partie arrière du pavillon redessinée, les vitres de custodes fixées aux portières ont été retirées et le montant élargi. On y a fixé de faux compas de capote, Barris n'étant plus à ce gendre de détails près.
Il accentue le côté rétro de la Rolls avec ce nouveau couvercle de coffre intégrant la roue de secours recouverte d'une housse en cuir et au moyeu plaqué or. La lunette à été rendue plus étroite en prenant une forme ovale.
L'intérieur est divisé en deux compartiments. La place du chauffeur est resté d'origine avec ses boiseries et ses sièges recouverts de cuir clair. En revanche, derrière, c'est un véritable "lupanar". Les habillages sont en velours avec une banquette capitonnée. Des soliflores en cristal sont fixés sur les custodes, les accessoires nickelés ont été passés à l'or fin et l'on retrouve les "picnic tables" repliables au dos de la banquette avant.
Estimée entre 80.000 et 140.000€, cette pièce unique ne trouvera pas d'acheteur au cours de la vente Artcurial.