A Retromobile...
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Aston Martin AM V8 Vantage X-Pack."
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The English touch."
Le succès de la saga DB4/5/6 entre 1958 et 1970 permettra à Aston Martin de mettre au point un nouveau modèle à l'aube d'une nouvelle ère où la concurrence est toujours aussi féroce. Le cinéma sera aussi une aide précieuse, la DB5 de Goldfinger donnera une image bénéfique à Aston Martin, inutile de vous dire que la marque ne s'est pas fait prier lorsqu'en 1969 elle est sollicité pour fournir son nouveau bébé à l'agent secret...le moins secret de la planète!
C'est la nouvelle DBS qui prends doucement là relève de la DB6 en 1967, la ligne s'affine, s'étire, se tends mais ne perds jamais sa grâce, le dessin de William Towns est un sans faute, la DBS est une réussite incontestable. Sa ligne "fastback" est sans doute destinée à séduire les clients Américains mais elle s'inscrit aussi dans la mouvance de l'époque. En bonne Anglaise, elle n'en oublie pas les bonnes manières, finition et équipement font honneur à la marque prestigieuse préférée de 007. Mais un "hic" va perturber son lancement, celle qui devait être lancée avec un tout nouveau V8 devra se dispenser du six cylindres en ligne faute d'une mise au point finalisée à temps. C'est la déception, surtout aux USA où le V8 reste la référence. Il faudra patienter jusqu'en 1970 pour qu'enfin il entre tardivement sous le capot de la DBS.
Mais il est un peu tard et sa présence discrète en 1969 aux mains de James Bond "Au service secret de sa majesté" ne lui servira pas autant qu'espéré, les ventes déclinent et la mise au point d'un nouveau modèle est envisagé. Mais en ce début des années 70, les feux ne sont plus au vert, la crise pétrolière pointe le bout de son nez et en Angleterre c'est une période de mouvements sociaux qui mettent à mal l'économie Britannique. En quelques années c'est le naufrage, les grèves à répétition vont saborder l'empire automobile d'outre Manche. C'est aussi la fin de la demande massive des petits roadster Anglais aux USA, bref, tout fout le camp chez nos voisins Britons.
Dans ce contexte ombrageux, Aston Martin n'a pas les moyens d'engloutir ses fonds dans une nouvelle voiture et celle qui doit succéder à la DBS n'en sera qu'un gros lifting. Mais n'oublions pas non plus que la marque est rachetée par un groupe Américain en 1972, "Company Developments" qui va injecter un peu d'argent dans la société.
C'est cette même année, en 1972 qu'est présenté cette nouvelle lignée d'Aston Martin qui se nommera tout simplement V8. Le look évolue surtout grâce à une proue entièrement remaniée qui lui donne une toute autre apparence. Cette nouvelle V8 est moins fine que la DBS, plus brutale mais plus dans l'air du temps aussi. Elle gomme ses chromes avec cette calandre qui forme une entrée d'air massive et cet "nez" qui, retroussé, sonne très Américain. Adieu aussi les quatre phares, désormais seul deux blocs optiques ronds sont logés aux extrémités.
De profil en revanche ce sont les mêmes auto, ce qui n'est pas un mal car le dessin originel de Towns reste toujours aussi réussi et semble intemporel. Même chose à l'arrière où rien n'a bougé, ce n'est pas avec ce "nouveau" modèle qu'Aston Martin a cassé sa tirelire rayon carrosserie!
Construite entièrement à la main, elle naît donc avec un moteur V8, comment ne pas l'avoir compris, de forte cylindrée, un bloc de 5340Cc d'une puissance de 315 chevaux mais à la consommation élevée (17 litres au cent) qui en cette période de troubles pétrolier n'est pas très bien vue.
Ça commence donc assez mal, la crise énergétique fait souffrir le marché de ce type de voitures. Les Anglaises ont également une mauvaise réputation à cause de ces modèles fabriqués de manière anarchiques dans des usines tournant à mi-régime" et l'investisseur Américain "Company Developments" est en liquidation judiciaire! A ce moment, la marque acculée doit cesser sa production momentanément, elle est à deux doigts de mettre la clé sous la porte et Aston martin ferme même son usine fin 1974. Un groupe d'hommes d'affaires Américain vient au chevet de la légendaire Anglaise et relancent le cœur de la machine en 1975, la production de la V8 reprends.
En 1977, l'évolution mécanique est majeure, elle passe à l'injection réglant de nombreux petits désagréments et passant en même temps à 360 chevaux tout en réduisant (légèrement) son appétit. C'est cette année que la "Vantage" fait son apparition aussi. Reconnaissable à ses phares additionnels implantés dans la calandre, elle adopte un spoiler sous le pare-choc avant et un capot gonflé afin d'intégrer la greffe de nouveaux carburateurs...qui remplacent l'injection! Derrière, la malle adopte un becquet tandis qu'un carénage massif tente maladroitement de masquer les échappements.
En 1978, elle reprends du poil de la bête et adopte le nom de code "Oscar India". Le becquet arrière est désormais intégré à la carrosserie et les aménagements à bord sont plus luxueux, cuir à tous les étages mais réalisation artisanale, comprenez parfois un peu anarchique. Dès 1983 elle peut adopter une boite automatique, le moteur évolue sans cesse et sort maintenant 400 chevaux, la V8 est redevenue une supercar presque à la mode! Oui, c'est étonnant mais son côté daté, obsolète et vielle Angleterre attire des clients en mal d'originalité et blasé des formes futuristes des Ferrari et Lamborghini. La bonne Aston avec son look "vintage", ses finitions faites de matériaux nobles qui en font une voiture de luxe et son moteur bourré de chevaux devient pour certains un "must"! Drôle de destin pour ce modèle d'une autre époque, en fait l'Aston Martin est un peu une voiture ancienne de collection mais que l'on peut acheter neuve, la dernière véritable représentante d'une espèce en voie d'extinction. Consécration en 1987 où elle signe son retour à l'écran dans un nouvel opus de James Bond, une bouffée d'air frais.
Elle poursuivra sa carrière jusqu'en 1989 en évoluant sans cesse mais pas de manière radicale, c'est pour cela qu'il est difficile de différencier les millésimes. On les reconnait à leur jantes mais aussi au retrait progressif de chromes.
La version cabriolet fait son apparition en 1986. Ce fût long mais compliqué car rigidifier la caisse se révélera très compliqué pour le fabriquant Anglais. Au final, la voiture n'y perd rien côté ligne, le style reste élégant mais aussi sportif, le couvre capote en cuir à boutons pression fait artisanal mais pour une Aston Martin, c'est très logique, surtout à cette époque où la marque n'avait pas encore la tutelle du géant Ford. En 1989 elle laisse place à la Virage qui sera en réalité une voiture de transition soutenue par Ford et qui repositionnera doucement Aston martin dans la course aux prestigieux modèles de sport, l'avenir lui donnera raison.
Ce modèle de 1987 est équipé du moteur "X Pack" qui sort sur cette rare version 420 chevaux. Produite uniquement entre 1986 et 1989 sur commande, on en compte 137 exemplaires. Comme toute Aston digne de ce nom, elle s'habille à bord de cuir Connely, de boiseries luxueuses et d'un équipement complet. La finition est artisanale c'est à dire souvent imparfaite mais on pardonne tout à ces objets conçus et crées par la main de l'homme. Parée d'une sublime teinte rouge "Windsor Red" et associé à un intérieur "Magnolia", ce modèle neuf comme sortit d'usine fera aussi chavirer mon cœur. Mais la réalité mettra un terme à ce doux moment car la belle s'affichait ici à 545.000£.