A Automedon...
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Renault Safrane V6."
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Laissez le plaisir conduire."
En huit années de carrière la Renault 25 aura été pour Renault un grand succès pour le losange. Le haut de gamme toujours fidèle aux cours des ministères et de l'Elysée trouvera près de 780.000 clients entre 1984 et 1992.
Pour l'équipe de Patrick le Quement, la relève à assurer ne sera pas simple, les grandes berlines perdent des parts de marché en Europe et les Françaises se vendent surtout...en France. Chez Renault, on a beaucoup changé les choses en cette fin des années 80, les modèles adoptent enfin des noms à la place des traditionnels numéros et la qualité a été revue largement à la hausse, il faut dire que la marque partait de très bas!
Cette grande berline voit le jour en 1992, elle porte le joli nom de Safrane. Elle succède à un modèle qui a eu un beau succès, son style en conserve l'allure générale, une ligne bicorps arrondie qui conserve des mensurations quasi identiques. Evidemment, le dessin inédit se veut plus discret, plus fin aussi, elle signe la fin également de la "bulle" de hayon tout en conservant ce dernier. Élégante, bien proportionnée, la Safrane séduit sans choquer. L'avant se dote de feux relativement étroits tandis que l'arrière se distingue par une présence plus massive avec des feux imposants et des épaulements solides inédits. La Safrane à du muscle que la 25 n'avait pas, elle est plus arrondie que celle qu'elle remplace et dont les éléments de carrosseries étaient lisses, plats et plus anguleux.
A l'intérieur, c'est une ambiance feutrée qui accueil les passagers. La planche de bord est toujours pourvue de la traditionnelle "casquette" si chère à Renault mais côté qualité, deux mondes les sépare! Certes le plastique est encore très présent mais il est enfin de belle facture, on trouve le classique velours sur la plupart des modèles et l'équipement est assez valorisant, la Peugeot 605 et la Citroën XM sont sur ce point en léger retrait mais elles sont aussi un peu plus anciennes.
C'est le grand écart dans la gamme, côté moteur l'offre débute avec un modeste 2.0 litres essence de 107 chevaux pour s'achever au départ avec le V6 "PRV" de 170 chevaux, sans oublier les diesels dont la demande est de plus en plus forte. Idem pour l'équipement où l'entrée de gamme "RN" offre le strict minimum et la V6 "Baccara" dotée de gadgets en tout genres, on trouve ici deux voitures différentes. Là encore de nos jours les écarts sont devenus bien moindres. N'oublions pas la "Quadra" avec ses 4 roues motrices, ce qui offrait une gamme assez complète dès le départ.
Dans sa globalité, la Safrane est une Renault bien née, douce à conduire, confortable, valorisante et fiable, elle semble perpétuer la lignée de la R25 mais un cran au dessus.
La gamme va évoluer et en 1994 Renault ose aller dans la provocation avec un modèle assez fou qui vise directement le marché Germanique, la Biturbo. Son V6 de 268 chevaux transfigure la sage berline, mise au point avec des collaborateurs Allemands, la Safrane à double turbo s'habille d'une panoplie assez voyante et fera fantasmer de nombreux pères de famille. Mais son prix très élevé en fera plutôt un modèle d'image faite pour attirer le client en concession, c'est devenu un collector de nos jours.
C'est en 1996 que la Safrane à droit à un relooking, comme souvent à cette époque les travaux sont très visibles et cette "phase II" a énormément changée. L'avant à droit à une véritable calandre ouverte mettant mieux en valeur le losange et les phares sont plus épais. De côté pas grand chose hormis des baguettes plus larges. Mais c'est à l'arrière que les modifications sautent aux yeux, et cette nouvelle poupe est disons...discutable. Le large bandeau lumineux à laissé place à des feux au design tarabiscoté, comme si les stylistes ne savaient pas comment habiller ce hayon, pour moi c'est un franc loupé. La plaque d'immatriculation descends au niveau du bouclier et donne cette allure inachevée de cet arrière "new look".
En revanche à bord l'évolution est plus calme, c'est dans la gamme que d'autres changements sont plus notables. Exit la Biturbo et ses 808 exemplaires vendus (gloups!), exit aussi la "Baccara" qui devient "Initiale" suite à un procès avec la fabrique de verrerie Française. Un moteur 5 cylindres essence Volvo prends su service, il affiche 168 chevaux et se place face au V6 "PRV", étonnant choix pour ce moteur plein de vie. Notons que le bloc V6 s'équipe d'une culasse à 24 soupapes et flirte désormais avec les 200 chevaux.
Dix ans après son lancement, la Safrane prends sa retraite, 310.000 exemplaires en seront vendus, ce qui est bien en dessous de la R25. Mais comparé à la 605 où la XM, les ventes sont quasi équivalentes. Notons que cette époque charnière est celle de l'explosion des gros monospaces et des premiers SUV, ils vont mettre au placard les grandes berlines et ce n'est rien comparé aux 62.000 exemplaires de la Vel Satis à venir, un four!
En 1993, le cinéma va mettre la Safrane à l'honneur dans "Les visiteurs", si elle sera moins massacrée que la R4 de la Poste, elle n'échappera pas à la torture du septième art. Son toit sera soufflé par les bijoux magiques de nos deux voyageurs du temps! On verra cette Safrane ainsi ébouriffée dans plusieurs scènes, ce qui malgré tout sera une belle publicité pour Renault. Un an plus tard une autre Safrane aura carrément droit à un spot de publicité dans la comédie "La cité de la peur", inoubliable aussi!
Si les versions "Bitubo" sont sauvées depuis longtemps, c'est moins le cas des autres modèles plus classiques. J'ai donc été séduit par ce modèle V6 première génération et conservé dans un état proche d'une voiture neuve. Symbole du haut de gamme Français dans les années 90, c'est une excellente auto qui ne demande qu'à prendre de l'age...et la route.