A la Ferté Vidame...
Alors nous sommes au début de la visite, ces modèles je les ai déjà traités mais impossible de passer à côté pour ce centenaire, en plus elles étaient toutes plus belles les unes que les autres.
Le reste de la visite sera l'occasion de voir quelques curiosités et des inédits.
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Citroën SM."
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Salsa Mécanique."
En 1965, Citroën rachète Panhard, la doyenne des marques Française est alors en souffrance et pense que la firme de Javel va pouvoir la sauver, peine perdue, en 1967, elle est liquidée, un fiasco! Un an plus tard c'est Maserati qui est repris par la marque aux chevrons, Citroën possède alors une belle panoplie de mécaniques de choix, l'idée de créer un coupé Français d'exception jaillit et en 1970 est dévoilée la SM.
C'est l'opulence à cette époque, on nous encourage à boire du vin à table, on fume dans le train, la vitesse au volant est presque bien vue, la France s'offre le Concorde, ah, le rêve...que je n'ai pas connu! Et tant mieux d'ailleurs pour certains vices aux terribles revers.
Quel choc encore que nous offre Citroën, depuis la DS on avait pas vu ça, ce coupé à la ligne époustouflante signée Robert Opron offre aux visiteurs du salon un dessin à couper le souffle. Basse longue, large à l'avant et plus étroite à l'arrière elle hypnotise les foules avec sa verrière derrière laquelle se loge ses feux dont certains sont orientables dans les virages et sa plaque d'immatriculation logée entre eux à l'abri derrière une futuriste "verrière". De profil on est interpellé par cet immense capot gravé des chevrons en guise d'aération, ainsi que l'aérodynamisme de sa silhouette. Sa poupe tronquée s'équipe d'un hayon très lumineux, en revanche certains trouvent l'arrière un peu trop torturé dans son dessin, moi j'adore! Regardez moi ça, les chromes de pare-choc qui rebiquent vers le haut, la rampe de feux en dessous, l'embouti chromé du hayon qui se relève pour y loger les éclaireurs de plaque d'immatriculation et la lunette panoramique, pfiou, quelle merveille!
L'habitacle est lui aussi exclusif, on peut y voyager à quatre dans un confort extraordinaire, l'équipement haut de gamme de l'époque éclipse une finition dans l'ensemble moyenne. Plus classique, cet intérieur a néanmoins quelques particularités digne de chez Citroën comme le volant monobranche ovale dont le réglage peut se faire en hauteur et en profondeur, la grille de levier de vitesse métallique presque comme sur une Ferrari où encore l'auto-radio placé entre les sièges avants. Ah, j'allais oublier ces sièges anatomiques à bourrelets où encore les garnitures du tableau de bord en inox doré, le dernier chic dans ces années 70. Même les passagers arrières sont choyés avec un accoudoir escamotable délimitant les deux confortables places d'appoint, il fait bon vivre dans la SM.
Évidemment le bagage technique est offert en série comme la direction à rappel asservie, la suspension hydropneumatique où le freinage de premier ordre commandé par une pédale "champignon" reprise de la DS.
Mais la (grosse) cerise sur le gâteau se trouve à l'avant, sous le long capot, c'est un V6 Maserati de 2670 Cc qui prend place ici, une pièce majestueuse de 170 chevaux alimentée par 3 carburateurs double corps. Cette merveille en revanche présente une consommation énorme mais ses performances sont à la hauteur de sa ligne, on voyage dans un jet de la route en classe affaires à 230 Km/h, le top!
Imaginez en 1970, la Porsche 911 à côté, c'est la préhistoire, une vulgaire Coccinelle gonflée, rien d'autre, la SM, c'est le futur! Bon, Citroën frappait fort quand même, environ 56.000 francs, soit quasiment le prix d'une 911. Mais restons honnête, elles n'étaient pas destinées à la même clientèle, la Citroën était une GT, la Porsche une sportive.
Pour ses deux premières années de commercialisation elle trouve de nombreux clients malgré un prix très épicé, ses débuts sont prometteurs mais en 1973 c'est la claque, le choc pétrolier qui va faire exploser les prix du carburant à la pompe, la carrière de la SM va être foudroyée.
Cette même année elle troque ses carburateurs contre une injection, elle gagne 8 chevaux et fait un peu baisser son appétit mais la période des voitures de caractère éclate en plein vol, ses ventes s’effondrent et en 1975 Citroën jette l'éponge, la SM est stoppée après 12.920 exemplaires vendus dont seulement 409 en 1974 et 1975 pour vous donner une idée du fléchissement dramatique de ses ventes.
Citroën en profite pour se séparer de Maserati la même année, c'est De Tomaso qui reprend cette patate chaude, la marque Française se trouvant en grande difficultés financières, elle sera liée en 1976 pour sa survie avec Peugeot au sein du groupe PSA, sans cette fusion peut être que Citroën n'existerait plus aujourd'hui, idem pour Maserati.
Exportée aux USA, elle n'aura pas le succès espéré mais les Américains qui n'ont pas osé signer un bon de commande devaient néanmoins regarder avec curiosité et convoitise cette auto d'exception à la noble mécanique Italienne. Une convoitise enviée par le grand amateur d'automobiles qu'était le Président Georges Pompidou. Il s'en fera fabriquer trois pour l'Elysée, Charon les facturera une fortune qui n'en fera pas un grand investissement pour nos chers deniers publics tant elle seront peu utilisées!
Drôle de destiné que celle de la SM, née en pleine euphorie, elle meurt quelques années plus tard dans la douleur et au sein d'une marque au bord du naufrage sauvé de justesse par Peugeot. Elle reste aujourd'hui un symbole et surtout l'une des plus belle et fantastique voiture Française.
Le modèle exposé ici est l'un des tout premier, cette voiture de 1970 à servie comme véhicule d'essai pour la presse lors de sa présentation. Appréciez aussi sa teinte "Rouge de Rio" peu courante sur ce coupé.