A Retromobile...
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Lamborghini Miura P400 Roadster."
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La surprise Belge."
La première réplique de Ferrucio Lamborghini à Ferrari sera timide et mitigée. La 350 GT sera certes une bonne GT mais il lui manquait ce petit "truc" que les Ferrari du Commendatore avaient. Mais passer de l'univers des machines agricoles à la voiture de prestige demande un certain temps d'adaptation.
Pendant sa courte commercialisation, on songe déjà à celle qui va lui succéder, cette fois il faire fort, marquer les esprits et exciter une clientèle riche qui laissera un gros chèque pour réserver cette nouvelle voiture de sport.
La Miura P400 est dévoilée au salon de Genève et déjà on ne parle plus que d'elle, Ferrucio Lamborghini à déjà réussi son coup, il jubile, reste à concrétiser le tout en remplissant les bons de commande. C'est Marcello Gandini qui en a tracé les lignes, un chef d'oeuvre absolu pour ce qui restera comme l'une des voitures les plus belles au monde. Le créateur travaille alors pour le studio de style Bertone. La Miura c'est un châssis et trois parties distinctes conçu par Giampaolo Dallara. On trouve la cellule centrale, le bloc avant basculant et la partie arrière abritant la pièce maîtresse de ce joyau.
Très basse, la Miura est tout en muscles, ses roues arrivent au niveau des vitres, l'avant allongé et son museau plongeant adopte des optiques basculants non dissimulés mais rangés à plat et décoré par de fabuleux cils, l'arrière est tronqué net et biseauté, il se pare de persiennes noires, catastrophique pour la visibilité mais d'une redoutable efficacité en terme de design dans les années 60.
L’habitacle au ras du sol est étroit mais offre un relatif confort et un équipement complet, on y retrouve même la grille métallique du levier de vitesse si chère chez son concurrent. Ferrucio voulait il en faire acheter une à Enzo?
Mais à part son dessin délirant, elle offre quoi une fois la clé de contact tournée cette Miura? Et bien déjà elle fait la nique à Ferrari, son V12 placé en position centrale arrière est une innovation que Ferrari n'a jamais osé mettre encore sur ses modèles, cette architecture digne d'une voiture de course fera par la suite école et même le rival de toujours devra s'y mettre aussi par la suite. Ce sera avec la Berlinetta Boxer de 1973 que Ferrari osera enfin entrer dans cette lutte des géants.
Ce V12 est l'oeuvre de Bizzarini, c'est un bloc 4.0 litres équipé de 4 carburateurs double corps, sa puissance est de 350 chevaux et il est capable de vous propulser à 280 Km/h, c'est la voiture la plus rapide du monde à cette époque, Ferrari est frappé là où ça fait mal.
Le succès est immédiat et désormais Enzo à trouvé un sérieux rival dont il se serait bien passé. Il faudra attendre 4 ans pour voir apparaître une seconde version plus musclée encore de la folle Italienne, la Miura "S" qui fait son entrée en 1968, avec 20 chevaux de plus, cette évolution affiche désormais 370 pur sangs et s'offre quelques améliorations sur le plan de la finition et des équipements.
Autre évolution majeure en 1971 avec l'arrivée de la version "SV" dont le V12 dispose désormais de 385 chevaux, de suspensions arrières nouvelles et de voies élargies, elle ne restera qu'une année au catalogue avant de se retirer et laisser place à la nouvelle Countach. La "SV", c'est de la dynamite, elle annonce carrément 300 Km/h, c'était alors la voiture de route la plus rapide du monde!
En 1973 la Miura laisse sa place à la non moins légendaire Countach, Lamborghini ayant vendu 764 modèles de sa supercar de légende, le voilà désormais placé sur orbite.
Mais il en sera fabriqué un modèle découvrable décapsulé par Bertone en 1968. La voiture est dévoilée au salon de Bruxelles et se nomme P400 Roadster. A première vue on pourrait penser que la maison de design Italienne s'est contentée d'effacer simplement le toit, erreur car il faut bien la regarder pour voir que les modifications sont nombreuses et lourdes. Déjà le pare-brise, il est maintenant plus incliné et les angles à sa base sont arrondis et non plus anguleux. Les montants incliné à l'arrière sont inédits et peints en parti en noir, ils sont striés de 9 traits pour alléger cet apport. Entre ces deux parties on distingue maintenant le moteur, et oui, les persiennes n'y sont plus. Mais quel plaisir de voir ces entrailles presque à nu avec une vue imprenable sur les culasses et le haut des carburateurs.
Le pan arrière est lui aussi inédit, les feux sont de plus grande dimension (ils me semblent provenir de chez Maserati) et une large grille laisse sortir les canules d'échappement. Quand à la teinte bleu pailleté, elle divise toujours, moi j'en suis raide dingue!
L'habitacle reste identique mais adopte des garnitures colorées qui lui vont à mon sens très bien, le volant en revanche est une pièce unique signée Bertone, un objet qui mériterait à lui seul d'être exposé en vitrine tant il est superbe.
Rien de nouveau sous le capot, le V12 de 350 chevaux est bien à et plus visible que jamais, plus audible aussi à ciel ouvert.
La P400 Roadster ne restera qu'une pièce unique mais sera vendu à une société fabriquant des matériaux aux Etats-Unis, elle servira de base pour y présenter le savoir faire de la société, sympa comme base! On y démontera de nombreux éléments pour les remplacer par ceux du fabricant, plus légers, ils servaient de vitrine afin de faire valoir la qualité de leur alliages. Au passage, la Lamborghini devient verte.
Après un certain temps, la voiture est vendue au début des années 80 aux enchères et restaurée, elle est ensuite cédée à un musée Américain. Elle y restera peu de temps et changera plusieurs fois de mains avant qu'un homme ne la fasse restaurer à nouveau pour lui redonner son apparence originale, teinte comprise, les frais engagés seront colossaux mais le résultat stupéfiant. En 2008 elle défile au très select concours de Peeble Baech et reçoit un prix, une consécration. Elle y sera revendue dans la foulée contre 7 millions de £ puis restera cachée avant d'être exposée chez Lamborghini le temps d'une rétrospective en 2015. Il faudra attendre 2019 pour la revoir à nouveau et c'est à l'occasion de cette exceptionnelle édition de Retromobile qui nous offrait cette année un véritable feu d'artifice de merveilles. Cette voiture sera l'une de mes favorite de cette édition à couper le souffle!