A Retromobile...
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Citroën GS Camargue Concept."
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Une si longue attente."
Citroën s'est longtemps retrouvé victime de sa propre gamme, une rudimentaire (mais géniale) 2CV, une DS hors norme et entre les deux une Ami 6 étrange... Avec ces trois modèles, on saisit vite pourquoi Citroën fascine, cette marque ne veux vraiment rien faire comme les autres. Pourtant ça marche, la société distribue bien ses automobiles et possède surtout une clientèle fidèle.
Mais au début des années 70 la voiture se démocratise, l'Europe vit bien et la demande est forte, c'est le moment d'élargir ses gammes et de présenter des nouveautés. C'est la GS qui arrive en 1970, une sorte de petite DS au dessin original mais qui avait le bon goût de ne pas trop en faire. Elle reprends une partie de la technologie de la DS, ses suspensions "magiques", son freinage et son confort. Sa ligne aussi comme cet arrière fuyant mais qui se dispense curieusement de hayon. L'avant lui est propre mais ce capot écrasé en son centre entre ses phares rappelle furieusement l'Ami 6.
A bord l'ambiance est elle aussi décalée, tableau de bord futuriste, lecture de vitesse par des chiffres se déroulant sous une loupe, volant monobranche, radio entre les sièges et frein à main en forme de poignée verticale au centre de la planche de bord. Bienvenue dans cette vision du futur version Citroën.
Hélas si le moteur est lui aussi inédit, un quatre cylindres à plat avec freins "in board", il est bien mollasson au départ. Décidément, Citroën à toujours eu ce point faible, un reproche souvent fait à la DS qui pouvait disposer de bien plus de puissance sans parler de la 2CV où de l'Ami, les cousines "bi".
Mais la GS fait largement le job et offre dans cette gamme de petite familiales un confort inégalé, un atout qui lui réussi, ses ventes sont bonnes et le resteront.
A Javel, on va demander à Bertone une collaboration afin de réaliser un coupé dérivé de cette GS, c'est une première entre le centre de style Italien et Citroën. Pourtant quand on dévoile la GS en 1970, on lance au même moment l'incroyable et hyper exclusive SM. Citroën à déjà un vaisseau de rêve dans son catalogue, à croire que la marque voulait se donner l'image d'un constructeur dynamique et jeune voulant prouver qu'elle ne s'adressait pas qu'aux retraités.
Marcello Gandini signe un véritable bijou qui prends vie au salon de Paris 1972 sous le nom de GS Camargue. La longueur de la berline est identique mais le coupé est plus large et moins haut. L'avant très aérodynamique se dispense de calandre, seul une prise d'air est situé dans la partie basse. Les optiques sont intégrés dans un bandeau qui fait office de pare-choc et protégés par une glace orangée légèrement en retrait. Les clignotants et veilleuses sont eux dans la partie inférieure. Le capot assez plat fait penser à celui de la SM mais sans sa prise d'air.
Le cockpit panoramique est un petit chef d'oeuvre, son pare-brise fortement cintré semble faire pièce commune avec les vitres latérales, cette partie me fait penser à la Lancia Stratos elle même dessinée par Gandini.
De profil, l'allure de la GS Camargue rappel un peu celui de la SM, surtout pour l'avant. Mais la Camargue possède une ceinture de caisse bien plus haute et des vitres beaucoup plus étroites. Un trait noir décore la ligne et allège un peu les flancs, elle se poursuit dans le bourrelet du pare-choc avant. Les roues elles aussi ont droit à un dessin futuriste et épuré et les passages arrières sont eux découpés en biseau masquant une partie du pneu.
La poupe adopte une allure break de chasse, là encore Gandini à sublimé le coupé Citroën, pourtant seul la partie centrale s'ouvre, ces vitres latérales restent fixes contrairement à ce que laisse suggérer cette "bulle". Voyez aussi ces "écailles" qui délimitent le hayon du cockpit, on a l'illusion qu'un mécanisme peut faire coulisser ces parties. C'est ici qu'un arceau qui rigidifie la structure a été dissimulé.
Cet arrière resserré et assez haut conserve ses hanches marquées. D'ici on découvre un parfait "catwalk" joliment crée qui fait qu'une partie plate démarre du capot pour s'achever à l'arrière. Si par exemple un enfant faisait rouler sa petite voiture sur le capot, il pourrait rallier la partie arrière tout en conservant sa miniature toujours à plat sur cette "passerelle" formée entre les vitres et les flancs, regardez-bien.
Mais Gandini a été jusqu’au-boutiste et finalise son travail avec des feux arrières de toute beauté qui évoquent la Dodge Charger de 1969. Un bandeau rouge qui se creuse en bas pour la plaque d'immatriculation et bordé de noir avec les inscription "CITROEN" au centre. Deux crosses verticales en plastique noir servent symboliquement à parer les chocs.
C'est une couleur dorée qui sera choisi et elle ne changera jamais, avouez que ça lui va quand même bien à ce concept aussi bien dessiné et qui laisse le goût amer de ne pas avoir vu le jour en série.
L'intérieur est assez occulté par des vitres très teintées de couleur bronze, on y retrouve une grande partie de la planche de bord de la GS originelle mais recouvert d'une texture douce en tissu. C'est côté passager que l'ensemble a été modifié mais la "crosse" du frein à main est toujours en hauteur mais devient verticale. Les sièges épais en velours donnent l'illusion d'un confort digne de la marque et une banquette arrière est présente pour deux passagers. Mais sans climatisation, on redoute les insolations sous cette verrière.
La base technique est identique en tout point à la GS de série, mécanique incluse. Le 4 cylindres à plat 1055 Cc de 55 chevaux n'est sans doute pas ce qui a été mis en valeur lors de sa présentation.
La GS Camargue n'aura aucune suite, seul le nom sera repris...chez Rolls Royce pour son grand coupé signé Pininfarina! La voiture restera ensuite à Turin chez Bertone et sortira rarement de ses réserves.
Pour moi, c'est une Arlésienne. La GS Camargue, je la connais depuis enfant car j'en avait une! Oui, elle était bleue et au 1/64 réalisée par Majorette avec les inscriptions "Racing" sur les flancs. Elle avait un hayon ouvrant très fragile alors qu'en réalité seul la partie centrale est mobile. Hayon qui en plus était étrangement ouvragé sur la miniature.
Intrigué, je l'ai découvert ensuite au 1/43 chez Norev mais je pensais qu'elle n'existait plus en vrai. Longtemps je l'ai cru ferraillé mais il y a quelques années grâce à internet j'ai vu qu'elle était bien au chaud chez elle en Italie. A ce moment de l'espoir a ravivé ma flamme, peut être qu'un jour elle viendra en France, à Paris. Et voilà, en 2019 elle pose ses roues pour le centenaire de Citroën à Retromobile, un choc quand je suis tombé nez à nez avec et sans aucun doute ma plus belle rencontre de ce salon.