A Ingolstadt...
"
DKW Schwebeklasse."
"
L'audace ne paye pas toujours."
Fondé en 1917 par Jörgen Skafte Rasmussen, DKW fabrique au départ des moteurs puis se lance dans la construction de motos. Ce n'est qu'en 1928 que sort la première automobile dans les usines de Zwickau, la P15 qui rencontre un petit succès. C'est aussi cette année que DKW rachète Audi, une marque automobile Allemande en difficulté et dirigée par August Horch.
Au salon de Berlin 1928 est présenté un DKW P 25 HP dont le moteur V4 deux temps de 1.0 de cylindrée à toutes les qualités d'un bloc 8 cylindres avec un rendement et une souplesse comparable, il est ainsi surnommé 4=8. Cet ensemble affiche une puissance de 25 chevaux.
Les débuts sont compliqués, la voiture consomme beaucoup et elle se vends mal. Pour y remédier, DKW lance en 1930 un V4 de 0.8 litres de 20 chevaux à empattement raccourci et conserve le style archi classique d'une voiture au dessin de "caisse carrée". Mais la voiture est tout aussi vorace, moins performante et se montre fragile, elle chauffe beaucoup.
Chez DKW on se creuse les méninges pour remédier à ces problèmes car ce V4 est intrinsèquement un excellent moteur. Il est décidé en 1931 de cesser de produire le 0.8 litres et d'imposer le 1.0 litres de 25 chevaux.
En Allemagne, on voit apparaître les premières "Autobahn", Adolf Hitler qui monte en puissance voit d'un bon œil ces voies rapides qui sont signe de modernité mais aussi sont un bel outil de propagande et créent du travail en masse à une période de crise où le chômage explose. Ces belles autoroutes toutes neuves et quasiment désertes seront plus tard une voie sacré pour faire rouler des milliers d'engins militaires hors de frontières et anéantir l'Europe.
Les constructeurs y voient l'opportunité de fabriquer des voitures adaptés à ces axes rapides et DKW dessine un modèle profilé très aérodynamique permettant une vitesse de pointe plus élevée tout en consommant moins de carburant, ainsi naît en 1932 la "Schwebeklasse". C'est aussi au même moment que DKW doit s'unir à Auto Union pour survivre dans ce regroupement de plusieurs marques, elle adopte donc d'office les quatre anneaux sur sa calandre, symbole des quatre marques du groupe, Audi, Wanderer, Auto Union et DKW. Cette union doit faire la force...tout ceci éclatera plus tard.
Nous sommes à l'époque où les constructeurs du monde entier songent à ce bouleversement stylistique, Chrysler l'a fait avec sa Airflow et Peugeot avec sa série "Ligne fuseau Sochaux" sans oublier les folles Tatra Tchécoslovaques. Le dessin de la DKW est très audacieux, une sorte de monolithe très arrondit qui à peut être inspiré plus tard les lignes de la Coccinelle. Les ailes ne sont pourtant pas encore intégrées et les phares toujours séparés mais cette calandre en retrait et inclinée étonne, quelle trogne! Le pare-brise très incliné anticipe lui parfaitement l'avenir et les généreuses surfaces vitrées apportent luminosité et une excellente vision sur l'extérieur. La poupe inclinée est très douce à regarder et supporte la roue de secours, en revanche pour les bagages, il faut les rentrer par l'habitacle, pas de coffre sur l'extérieur.
L'habitacle est assez spacieux pour une auto de cette taille mais c'est la planche de bord qui m'étonne encore, regardez celle d'une Coccinelle de première génération...on croirait presque les mêmes! Compteur central et deux larges vide poches de chaque côté...étonnant quand même.
Si les soubassements font preuve d'audace avec un essieu avant "flottant" qui diminue largement le tangage dans les courbes et qui sera repris plus tard sur les Auto Union, la structure en bois est elle d'une autre époque. Elle reste une propulsion et il est pendant un moment envisagé de lui augmenter sa cylindrée à 1.2 litres. Mais cette option faisait passer sa consommation à 16 litres au 100, inacceptable!
Disponible en version coach deux portes, elle verra arriver également une déclinaison cabriolet. Deux niveaux de finition étaient proposés dont une luxueuse pouvant se parer d'une peinture deux tons et de roues à rayon. La puissance va augmenter au fil des millésimes, 30, 32 puis 35 chevaux mais la "Schwebeklasse" souffre de défauts de fiabilité chronique qui entache sa réputation.
On logera la roue de secours dans une trappe à l'arrière pour moderniser son allure tandis que le pare-brise sera redessiné pour s'agrandir un peu. On en profite aussi pour baisser son prix de vente. Les effets sont bénéfique et les ventes remontent...pendant quelques mois pour ensuite retomber bien bas. En 1937 DKW décide de mettre un terme à sa commercialisation, environ 6000 modèles en auront été construits, un chiffre très limité pour une auto pourtant assez avant-gardiste.
Le modèle exposé date de 1936, son moteur dispose de 32 chevaux pour une consommation de 13 litres au 100, son pêcher mignon! Sa vitesse maxi est de 95 Km/h. On peut aussi remarquer qu'une majeure partie de sa carrosserie est recouverte d'une sorte de moleskine. Ce revêtement est ici décoratif car il est appliqué sur la tôle de la caisse clouée sur sa structure en bois.