A Retromobile...
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Lamborghini Diablo SV."
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La fureur de vivre."
Y a t-il une vie après la mort, peut on croire en la réincarnation, voilà des pensés bien personnelles et des chemins philosophiques propres à chacun d'entre nous et à nos croyances. En revanche en matière d'automobiles, la question trouve souvent une réponse plus cartésienne quand un modèle légendaire disparaît.
Difficile pourtant de succéder à la mythique Countach dont la carrière aura duré 16 ans. C'est sans doute le modèle qui va le plus marquer l'histoire de la marque Italienne, plus je pense encore que la fabuleuse Miura. Mal en point, la petite entreprise de Sant'Agata Bolognese à peu de moyens pour lancer une nouvelle supercar inédite et il faudra accepter l'"aide" d'un partenaire pour y parvenir. L'arrivée du groupe Chrysler au sein de la prestigieuse entreprise Italienne va lui offrir l'oxygène (et les finances) qui lui manquait. On se doute bien que le groupe Américain ne fait pas ça par charité mais compte bien aussi en tirer bénéfice, dans le meilleur des cas, les deux partenaires peuvent s'en retrouver renforcé, au pire on sais comment cela se termine, par la mort du plus faible.
La page sera définitivement tournée en 1990 avec la présentation de la Diablo, un moment compliqué pour la marque au taureau qui devait perpétuer le mythe de l'incroyable Countach tout en changeant de modèle pour une auto au look plus dans l'air du temps. L'appui de la marque Américaine sera une vraie bouée de sauvetage qui va permettre de relancer Lamborghini dans la lutte frénétique qui l'oppose depuis 1963 à Ferrari.
Je tempère mes propos car je me souviens de la déception que j'avais ressenti à l'époque, je n'aimais guère ses lignes arrondies contrastant littéralement avec les angles vifs de la Countach. Pourtant, au fil du temps j'ai fini par m'y habituer et cette fantastique voiture entrera elle aussi dans la légende.
Dessinée par Marcello Gandini, la Diablo en impose, très basse et ultra large, elle semble plaquée au sol sur ses pneus surdimensionnés, un dessin juste parfait et ultra agressif mis en scène par les spectaculaires portes en élytre conservées de la Countach. Là encore un large aileron était disponible en option mais sans cet accessoire la Diablo semble plus pure encore dans son dessin. Plus fort encore, je trouve qu'en 2019 elle reste hyper futuriste et n'a pas pris la moindre ride!
Il faut dire que c'est la grande époque des "supercars" et qu'avec son V12 5.7 Litres de 492 chevaux, ce missile sol/sol pouvait atteindre la vitesse de 325 Km/h, faire le 0 à 100 en 4,1 secondes et le kilomètre départ arrêté en 21 secondes, un véritable avion de chasse qui offre des sensations encore brutes qui s'estomperont avec les modèles des années 2000 beaucoup plus doux à conduire...mais aussi bien moins excitants.
En 1993 la "VT" est intégrée au catalogue, c'est la version à quatre roues motrices, elle repousse encore les limites du monstre d'asphalte, c'est la référence du moment.
A bord c'est encore bien artisanal mais on note un mieux comparé à la Countach qui faisait vraiment "pitié" dans les détails. Mais achète on vraiment ce type de voiture pour passer son temps à scruter les ajustages et tâter la qualité des plastiques, heureusement que non.
Mais coup de tonnerre, en 1994 Chrysler se sépare de Lamborghini qui est racheté par une société Indonésienne, Megatech.
Pour 1995, un nouveau modèle est proposé, la "SV" pour "Sport Veloce", revue, elle offre désormais 510 chevaux, le taureau ailé de San Agata s'envole... Pourtant avec ses deux roues motrices, ce missile fait office d'entrée de gamme. Facile à identifier, elle s'offre sur les flancs des motifs "SV" énormes! Mais le client pouvait opter pour qu'elle s'en dispense. L'aileron arrière était au choix noir où ton caisse comme ici. L'entourage de feux est lui aussi en noir tout comme la grille perforée qui les relie. Plus visible, les deux entrées d'air en haut su capot arrière, juste au niveau du pavillon, de véritables écoutilles. On ne passera pas non plus à côté des jantes peintes en noir et à rebord dépoli de 17 à l'avant pouces, et oui, c'était à l'époque une grande taille (c'est ce que j'ai sur la petite Opel de Madame Bubu aujourd'hui...en moins large il est vrai) et 18' à l'arrière. L'intérieur recouvert d'alcantara voit les motifs "SV" brodés au niveau des appuie-tête, chic n'est ce pas!
Deux ans plus tard, les ingénieurs de Lamborghini veulent lui offrir un lifting, en 1997, la Diable arbore un nouveau visage qui abandonne les phares rétractables pou des glaces transparentes issues de la Nissan 300 ZX! Mais le coup de crayon n'est pas des plus heureux, un dessin si pur ne peux être retouché mais la marque Italienne connait alors des difficultés financières et ne peux offrir un nouveau modèle. Notez que Ferrari réalisera la même chose sur sa F512 M pour un résultat encore pire!
Sous le capot on y gagne 20 chevaux, la "SV" affiche ainsi la bagatelle de 530 chevaux et voit son habitacle légèrement remanié, mieux équipé et plus cossu.
Audi viendra à son secours en 1998 en rachetant la marque pour la sauver, bien lui en prendra car cette main mise permettra à la mythique marque Italienne de se remettre sur le devant de la scène et retrouver son lustre d'antan avec le lancement de la superbe Murielago.
La Diablo disparaît en 2001 mais restera comme l'un des plus emblématique modèle de la marque, en voir une est toujours un instant magique comme cette surpuissante "SV" restylée qui sous cette forme n'a été commercialisée qu'à une centaine d'exemplaires. Dans cette livrée jaune métallisée, ce surpuissant lingot reste aujourd'hui encore un objet fantastique et surtout fantasmatique, un indémodable du genre.