A Sinsheim...
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Vector W8 Twinturbo."
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Vaisseau spécial."
S'ils ont touchés à tout et ont longtemps fait rêver les amateurs d'automobiles, les Américains n'ont jamais réussi à s'imposer dans le créneau des supersportives. Forteresse imprenable en Europe, ces voitures dominent sans partage avec des marques principalement Italiennes comme Ferrari, Maserati où Lamborghini.
On a bien des muscle cars à gros V8 aux USA, des modèles à moteurs de camions riche en cylindrées et en puissance mais dont les dessous restent bien souvent très rustiques. Tout va péricliter dans les années de crise, les années 70 où l'on prends conscience de la dépendance pétrolière et des enjeux géopolitiques. Les assoiffées voitures Américaines sont mises hors jeu et ne sont plus adaptées aux pays Européens avec leur gabarits gigantesques. Pire, les Américains même leur tournent le dos et achètent étranger avec un véritable raz de marée Asiatique, tout fout le camp...
Pourtant un homme ne baisse pas les bras et veux montrer ses muscles. Il est Américain et se nomme Gerald Wiegert. Son idée et aussi son rêve, lancer une supercar aussi sophistiquée et performante qu'une GT Italienne. Il expose sa première étude en 1972 mais c'est en 1977 que les choses sérieuses commencent avec l’apparition de sa Vector Aeromotive. La sportive use de matériaux technologiques dont certains sont issus directement du programme spatial et d l'aéronautique, l'autre passion de Wiegert. Aluminium extrudé, carbone et kevlar constitue celle qui prends l'appellation de "W2" en 1980 et dont le prix estimé serait de 50.000$, ce qui est colossal!
Trop ambitieux sans doute mais aussi trop chère, la "W2" est retardée et à force d'être modifiée devient "W8" quand elle est officiellement dévoilée en 1989.
Le style de la "W8" à légèrement évolué mais reste d'une rare agressivité et très inspirée de l'école Italienne. Très basse, elle adopte les codes esthétiques de la Lamborghini Countach en un peu plus adoucie. L'avant assez étroit est fortement profilé, les phares sont rétractables et des extracteurs d'air prennent place sur ce qui n'est pas un capot en réalité. Tout en bas des optiques supplémentaires servent de projecteurs d'appoint et sont utilisés pour les appels de phares. Le pare-brise suit la continuité du bloc avant et son inclinaison est fortement prononcée tout comme sa forme très spécifique. N'espérez pas le faire remplacer par Olivier de chez "Carbrise" et ne comptez pas sur lui pour remplacer aussi les essuie-glaces en promo, regardez bien la forme des trois balais qui ont été montés pour assurer une visibilité optimisé sous la pluie. Les ailes élargies, les bas de caisses débordants et les portes en élytre affirment une identité forte mais dommage que les voies avant soient trop étroites. On remarquera des rétroviseurs fortement ouvragés et des ouvertures de vitres étroites comme pour toutes ces voitures où la forme de la portière rends impossible le coulissement des ces dernières. D'énormes écopes sont implantées en amont des roues arrières, des jantes en métal polies elles aussi conçues en interne.
L'arrière plus géométrique utilise des persiennes un peu obsolètes à la fin des années 80 et l'inévitable aileron. Les feux prennent la forme de traits horizontaux et un extracteur où sont insérés les échappements est disposé au centre.
Il faut se contorsionner pour s'installer à bord, on y découvre un univers issu des avions de chasse où l'électronique est omniprésente. Leds, écrans digitaux à cristaux liquides, ordinateur de bord et boutons par dizaines, mieux vaut avoir une petite formation avant de comprendre comment et à quoi servent ces multiples commande peu intuitives et ergonomiques. Amusant aussi la manette du levier de vitesses automatique sur le ponton gauche et sortie tout droit d'un F35! Mais les lieux valent le détour, tapez "Vetor W8 interior" sur votre moteur de recherche et vous comprendrez mieux. Sûr que le "Faucon Millénium" de Han Solo demande moins d’appréhension!
Mais quel mécanique installée à l'arrière de ce vaisseau spécial? Le hic, c'est que Wieger n'a pas pu concevoir sa propre mécanique et va puiser dans un V8 Chevrolet de 8.7 litres de cylindrée. Ce bloc "Donovan" de 190 chevaux ne fera évidemment pas l'affaire en tant que tel. On lui ajoute deux turbos Garrett, des échangeurs et une injection, secouez et mélangez le tout et vous obtenez la bagatelle de 600 chevaux! Nous sommes en 1989 et cette puissance est monstrueuse, elle ridiculise une Lamborghini Countach où la déjà légendaire Ferrari F40 et ses 478 chevaux.
Vector en amère un exemplaire sur le lac salé de Bonneville et signe une vitesse maxi de 389 Km/h. Ces chiffres font le "buzz", je me souviens encore de l'essai de cette voiture dans "Turbo" où les journalistes étaient sans voix.
Une évolution arrive très rapidement avec la "W8 Twinturbo" de 625 chevaux et sa boite automatique...à 3 rapports! Le kilomètre départ arrêté est fait en 21 secondes, le 0 à 100 en 3.9 secondes et la vitesse maxi est de 350 Km/h. Un chiffre revu à la baisse faute à des pneus non homologués pour flirter avec les 390 Km/h annoncés initialement.
Faute d'un moteur "noble" et aux origines roturières, le châssis en revanche a été conçu comme une voiture d'endurance. Coque, freinage, trains roulants, tout a été fignolé pour que cette supercar puisse atteindre ses objectifs et tenir la dragée haute à ses rivales légendaires venues d'Italie.
Mais Vector est un "nain" et ses capacités de production réduites. Affichée à un tarif astronomique, elle est quand même bien accueillie et le tennisman André Agassi s'en offrira une. Notez que le tout premier exemplaire a été livré...à Paris pour le compte d'un Prince Saoudien. L'homme l'aime tant qu'il en possédera 3 exemplaires!
L'aventure de la "W8" prendra fin en 1993 et seul 22 exemplaires seront assemblés et livrés. La crise du début de années 90 complique les choses mais Vector lance d'autres modèles comme l'Avtech moins chère puis la "M12" utilisant un V12 Lamborghini. Les prix délirants du début ont été revus nettement à la baisse mais la clientèle ne suis plus et préfère les "valeurs sûres" du marché, au début des années 2000 Vector stoppe la production de ses modèles.
Pour moi ce fût une première ici à Sinsheim, je n'avais encore jamais vu de Vector en vrai de ma vie! Ce modèle de 1992 est une véritable pièce d'exception que vous aurez très rarement l'occasion de voir un jour. Une auto méconnue et qui même en miniature est quasiment introuvable. Une étoile filante qui ne laissera que quelques poussières dans l'histoire de l'automobile.