A Arese...
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Alfa Romeo 33/2 Coupé Speciale."
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Rebâtir les cathédrale.."
Un débat aura fait beaucoup causer l'année dernière, faut il rebâtir la cathédrale de Notre Dame de Paris à l'identique? Peut on prétendre sublimer un monument iconique? C'est une question qu'il est légitime de se poser quand un styliste reconnu tente en 1969 de sublimer la ligne de ce qui était sans doute la plus belle des Alfa Romeo, et pour certains le chef d'oeuvre de l'automobile, la Tipo 33 "Stradale".
Mais revenons en l'année 1967. A Maranello on frise la crise de nerf, Ford décide depuis le début des années 60 de mettre un terme à a domination sans partage de Ferrari qui remporte chaque année la plus légendaire des épreuves sportives au monde, les 24 heures du Mans. Si Ferrari n'y pensais pas une seconde, les faits sont là, en 1967 trois Ford montent sur les trois premières marche du podium et mettent une raclée monumentale au Commendatore!
On lance alors la réplique qui sera pour l'année 1968 la Ferrari 330/P4. Si elle n'arrive pas à remporter l'épreuve Mancelle de cette nouvelle année où Ford remet le couvert, elle monte sur la deuxième marche et donne du fil à retordre au constructeur Américain.
Cette Ferrari 330/P4 n'est pas seulement une fantastique voiture d'endurance, c'est aussi un objet de toute beauté, pour beaucoup la plus belle voiture de course jamais construite...et c'est vrai qu'elle est diaboliquement somptueuse.
Au salon de Genève 1968 on découvre sur le stand Pininfarina un concept car baptisé Ferrari 250/P5, une voiture inspirée de la 330/P4 et dessinée par Leonardo Fioravanti.
Restée sans suite, elle aura pourtant bel et bien un descendance. C'est au salon de Paris 1969 que l'on découvre un autre concept aux lignes très similaires mais dont le blason n'est plus celui de Ferrari mais d'Alfa Romeo, la voiture adopte le nom de 33/2 Coupé Special.
Le lien est fait, l'étude signée Leonardo Fioravanti pour Pininfarina mêle les dessins de la Ferrari 330/P4 et de l'Alfa Romeo Tipo 33 "Stradale". S'il fallait être sacrément culotté pour oser cette recette, on ne peut qu'admettre que l'alchimie a été miraculeuse.
Fioravanti à sublimé la merveille initiale, la donatrice. Dieu que cette 33/2 Coupé Special est à tomber. Je n'avais jamais entendu parler de cette voiture jadis mais quand mon regard est tombé dessus, j'en ai eu le souffle coupé, époustouflant!!
Le galbe rebondi des ailes avant où sont logée les phares "pop up" se terminent sur deux pointes acérées. Entre les deux un symbolique cœur de calandre est posé tel une pierre précieuse sur une monture d'orfèvre. Le regard glisse sur ce capot incliné où sont creusés deux extracteurs d'air de forme triangulaire. Ils font face à un pare-brise digne d'une verrière d'avion de chasse sur laquelle un essuie-glace à pantographe prends position.
C'est une sculpture roulante qu'a croqué Fioravanti. Les arches de roues ont été divinement ouvragées, j'y vois même à l'arrière un coup de crayon repris en 1974 sur la Lamborghini Countach. On retrouve l'entrée d'air de forme conique vue sur la 330/P4 du Mans. Un élément stylistique qui verra sa venue en série la même année sur la Dino 206 GT puis reconduit sur la Ferrari 308 GTB qui est "ma" voiture de "référence". La ligne de caisse "Bottle Coke" à toujours eu mes faveurs mais ce style vit ses dernières heures, le style géométriques et les tracés cunéiformes vont s'imposer et rayer d'un coup de gomme ces rondeurs si sexy. Curieusement, j'en suis aussi un fervent amateur, allez comprendre ce qui se passe dans mon esprit bien torturé...
Pas de portes en élytre comme sur la 33 "Stradale" mais une ouverture de type "papillon". Le plexiglas y prends place pour former un cockpit arrondit tout en verre structurant la partie haute de la voiture. Cette transparence se poursuit sur la verrière arrière abritant la mécanique, on peut y voir à travers la vitrine les entrailles de cette déesse pouvant se transformer en diablesse.
Un pli de tôle recouvre le panneau arrière incliné et étiré à la manière d'une cape tendue. Les feux arrières suivent l'arrondit de ailes mais non, ils ne proviennent pas d'une Peugeot 204 comme je l'ai imaginé un instant. Deux crosses de pare-choc noir satiné encadrent la plaque d'immatriculation fixée sur lé grille d'évacuation d'air centrale.
Quand on a fait le tour de cette merveille à 4 roues, comment rester insensible devant un tel objet? Et dire que l'on diabolise l'automobile alors qu'elle peut être assimilé à de l'art, on frise le blasphème!
Objet de liberté mais aussi de plaisir, elle cumule ici toutes les vertus. Son antre accueille le V8 2.0 litres de la 33 "Stradale", fort de 230 chevaux, il n'a aucun mal à transformer la pièce de musée en missile sol/sol. Pesant 720 kilos, la 33/2 Coupé Special atteint les 260 Km/h.
Beauté éphémère, cette chimère restera un rêve dont un seul et unique exemplaire verra le jour. Pour toucher des yeux ce trésor, venez ici à Arese où elle est sublimement mise en valeur dans une pièce où se font face les plus belles créations du constructeur Italien.