A la Ferté Vidame...
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Citroën 15/6 H Franay/Charbonneaux."
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Au service de la Présidence."
Élu en 1954, le Président de la République René Coty est déjà un fervent amateur des automobiles Citroën. Avant son élection, le Vice Président du conseil de la République roulait déjà en Citroën Traction 15/6, il en loue son confort allié aux performances de son moteur 6 cylindres. Pour faire briller l'Etat Français lors de visites d'invités de marque, il estime alors qu'il faut une voiture digne de ce nom.
La Présidence passe donc commande au carrossier Franay d'une voiture de parade possédant les qualités de la Traction mais avec une ligne beaucoup, plus moderne et statutaire.
Franay est installé à Paris et travaille avec Philippe Charbonneaux. C'est ce dernier qui va dessiner la ligne de la future voiture de l'Elysée qui reposera sur un châssis de Traction Avant 15/6H allongé, le modèle à suspension hydraulique.
Seulement l'enveloppe est serrée, Franay va devoir faire des efforts mais aussi des sacrifices en puisant quelques éléments d'accastillage là où il peut. Sa limousine est séduisante, elle s'offre une carrosserie "ponton" évidemment de couleur noire et sa grande taille correspond aux exigences de René Coty. Les mauvaises langues diront qu'elle ressemble à une Fregate endimanchée. La Citroën Présidentielle à pourtant de l'allure et n'a plus un trait commun avec la vieillissante Traction. Les phares ronds sont encastrés au bout des ailes tandis que la grande calandre en forme de bouche de mérou s'orne des chevrons de Javel. La cocarde ovale lumineuse pose fièrement au bout du capot, ce dernier étant orné d'une ouverture afin d'apporter de l'air frais à la mécanique.
Pour donner de l'allure à la grande limousine, Charbonneaux dessine sur les flancs des contours en inox arrondis qui étirent artificiellement la caisse, malin! Les flancs sont sobres, lisses et les vitres très aérés comme pour mieux voir les personnalités défilant à son bord.
L'arrière, que l'on ne voit pas ici (dommage d'avoir disposé ainsi les véhicules au cours de cette expo) est agrémenté d'un classique coffre entouré de deux feux verticaux installés en bouts d'ailes.
Pour faire baisser les coûts, on trouve donc des pièces issues de la grande série comme le pare-brise et les pare-chocs de Ford Comète, la lunette arrière vient d'une Buick Roadmaster, les roues et la poignée de coffre sont ceux d'une Ford Vendôme, les poignées de portes plus nobles sont prélevés d'une Bentley et les feux arrières issus d'une Chevrolet!
Si la voiture séduit les commanditaires...elle à bien des défauts à commencer par son poids. Elle est si lourde qu'il lui est conseillé de ne pas aller plus vite que lors d'une parade, les freins étant trop sollicités! Quand au moteur, il avait tendance à chauffer, elle tombera même en panne lors de la visite de la Reine Elisabeth en 1957!
René Coty n'en est pas satisfait et va rapidement en faire commander une autre différente, on en reparles ensuite.
Mais quel chance de voir ce modèle, c'est la première fois que j'ai eu le bonheur de la contempler. Mais quel dommage de ne pas pouvoir en faire le tour et voir l'intérieur de cette limousine peu connue et qui est très rarement exposée.