A Retromobile...
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Ferrari Enzo."
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Intouchable."
Si chaque Ferrari est par définition exclusive, certaines le sont encore plus. La marque de Maranello a pour habitude de sortir un modèle encore plus fou ponctuellement pour ses clients les plus exigeants. Ces "séries limitées" représentent le sommet de la pyramide pour une clientèle nantie à la recherche d'une voiture plus élitiste que les autres encore mais surtout bien au dessus. Il y a eu la 250 GTO en 1962, la 288 GTO en 1984, la F40 en 1987, la F50 en 1995 et l'Enzo en 2002.
Elle fait sa première apparition au salon de Paris en 2002, son patronyme annonce sans ambiguïté qu'elle sera la plus sidérante de toutes les Ferrari de l'histoire, on ne donne pas le prénom du patron à un modèle par hasard. A Maranello, les ingénieurs ont eu carte blanche, ils n'ont aucune limite hormis le fait qu'elle doit être homologuée pour circuler sur route ouverte, les coûts, une discussion secondaire. Peu importe son prix au bout du compte, on trouve toujours des clients pour ce type de folie, Ferrari en compte de nombreux dans les quatre coins du monde.
Cette ahurissante supercar dispose de ce que l'on fait de plus pointu en terme de technologie, c'est pour ainsi dire une voiture de course homologuée pour la route.
Sa ligne d'avion furtif offre un style unique qui n'est pas d'une franche élégance, taillée pour la piste elle mise sur une efficacité pure et est sculptée pour fendre l'air, ce qui est sûr, c'est qu'elle est exceptionnelle et reprend les principes fondamentaux de la F40. Elle a été confiée aux soins de Pininfarina et c'est un styliste Japonais qui est l'auteur de ses lignes, Ken Okuyama. Pour être franc comme la F40 je ne l'aimais pas au départ. Puis plus les années passent, et plus je la trouve belle!
Les angles vifs juxtaposés semblent parfois donner un assemblage faussement anarchique d'éléments de carrosseries aux découpes anguleuses et parfois brutales et tranchantes. On retrouve à l'avant pourtant un nez copié à celui de la Formule 1 qui pointe en avant. Juste en dessous, de gigantesque écopes d'air rasent le bitume. Les phares sont disposés sur le bout des ailes avec une forme allongée et plate. Jusque là, j'adhère mais ensuite ça se compliquait. Le pare-brise très cintré se poursuit sur des vitres étroites. Les portes en élytre attestent de son exception mais je trouvais leur forme trop haute, trop rentrées dans la carrosserie. Et puis il y a ces deux rebords à angle vifs, comme des marches sans oublier les entrées d'air, l'épaisse custode, je n'y trouvais pas mes repères et tiquait face à ces lignes complexe. Et puis j'avais un problème avec cette vue des 3/4 arrière, un style trois volumes qui me semble trop long, je lui aurais préféré une poupe "fastback" plus fuselée et élégante. La Enzo est vraiment massive et ce dessin a été fait dans le sens de l'efficacité plus que dans celui de la sensualité, d'ailleurs elle ne dispose d'aucun aileron. Mais il est vrai que la "verrière" à travers laquelle on voit la mécanique fait toujours son effet et que les quatre feux ronds semi encastrés sont un détail qui me plait bien. Mais quand même, elle reste une véritable "machine" qui me fait plus penser à un "Transformers" à la tôle froide qu'à une automobile "organique" aux courbes humaines et faite de muscles saillants. Mais avec le temps, j'ai fini par l’apprécier.
Reste que technologiquement rien n'a été ici laissé au hasard, les meilleurs matériaux ont été utilisés pour sa réalisation et son fond plat est issu des technologies de la F1. Inutile de vous en donner tous les détails, il faudrait un chapitre entier pour en parler, ce qui serait quelque peu rébarbatif. Son moteur est un fantastique V12 de 5998 Cc, placé en position centrale arrière et monté longitudinalement. Il développe la puissance de 660 chevaux et peut vous emmener à 350 Km/h d'une simple pression du pied droit. Avec un rapport poids/puissance de 2.1 kilos par cheval, l'Enzo est l'une des plus efficiente de toutes les supercar.
Assis par terre où presque, le pilote se retrouve presque dans une sorte de F1 biplace. Le volant dispose de presque toutes commandes, on y trouve même les clignotants ainsi que des diodes rouges directement sur la partie supérieure de la branche qui indiquent la montée en puissance de la mécanique. L'univers est volontairement orienté sur la compétition avec des habillages en carbone brut et une rationalisation des commandes.
La boite séquentielle est si simple que cette Enzo est plus douce à conduire qu'une Peugeot 205 sans direction assistée! C'est là que l'on se rends compte des progrès fait en matière de prise en mains, un enfant de 12 ans pourrait la déplacer comme une voiturette sans permis! Et puis même en ville, l'Enzo n'est jamais brutale et s'adapte à toutes les situations, elle est tout l'opposée de la F40! Bon, évitez quand même les parkings en sous-sol où les manœuvres.
Mais une fois sur piste, elle délivre le maximum, c'est un missile sol/sol qui vous fait passer de 0 à 100 en 3.5 secondes et franchit le kilomètre en 19.6 secondes, une torpille! La vitesse maxi est de 363 Km/h, le compteur en affiche 400! Et ces allures, c'est là qu'il vous faudra un minimum de savoir faire côté pilotage, tout vas très vite, trop peut être. Mais attention, elle est rigoureuse et freine comme nulle autre, elle ne piégera personne, ce sera au pilote de se concentrer sur la piste et de savoir anticiper chaque courbe qui arrive toujours trop vite.
Bon, bien sûr elle à aussi quelques inconvénients comme sa consommation urbaine qui est de plus de 35 litres au 100 mais franchement, à 660.000€, s’intéresse-on à ce chapitre, surtout quand on possède dans son désert sa propre raffinerie?
L'Enzo devait être à l'origine fabriquée à 349 exemplaires mais Ferrari en lancera 50 modèles de plus, soit 399 +1 offerte au Vatican. Non, elle n'était pas dédiée au Pape mais elle sera mise aux enchères par le microscopique état à titre d'oeuvre de charité.
Modèle que l'on croise quasiment chaque année à Retromobile, il y en avait cette année 3 exposées! Une rouge, une jaune et ce modèle "Grigio Alloy", teinte fabuleuse que je n'avais jamais vu de ma vie. Normal, seulement deux exemplaires de cette teinte seront fabriqués.
Cette auto à été commandé à paris par les établissements Pozzi le 24 octobre 2002 et livrée le 15 mars 2005, quelle patience! Elle est actuellement mise à la vente et possède moins de 2500 kilomètres d'origine. Le prix est sur demande mais si on pose la question...c'est qu'on ne peut pas se l'offrir!