A Chantilly...
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Abarth 124 Spider."
Le scorpion Japonnais."
Deux Spider de légende naissent en 1966 de l'autre côté des Alpes, la Duetto chez alfa Romeo et la 124 Spider chez Fiat. Ce qui est étonnant, c'est leur carrière et leur incroyable longévité. La Fiat achèvera la sienne en 1985 et l'Alfa en 1993, des dinosaures!
Mais c'est la Fiat qui nous intéresse ici. Au départ, en 1966, c'est une fine décapotable deux places dessinée par Pininfarina et dotée d'un moteur deux litres vif et plein de caractère. Avec une taille Européenne, c'est le modèle idéal crée pour le marché Américain. En ce temps, c'est la cible première, le fantastique dollar est un gage de juteux bénéfices, les Anglais et les Italiens l'ont vite compris et ils seront les meilleures représentants du vieux continent en la matière.
Débarquée par cargos entiers, la 124 Spider cartonne aux USA, Fiat n'ose même plus la remplacer et va améliorer au fil des ans son modèle fétiche. Les années 70 seront traversées en douceur et même à l'aube des années 80, la 124 Spider trouve encore des clients. Pourtant les cabriolets sont plus que jamais sur le déclin et surtout aux USA où ils sont jugés dangereux.
En 1981 Pininfarina reprend le modèle à son compte, le logo Fiat disparaît et la voiture se modernise...enfin elle s'empâte et perd de sa finesse. Mais pour le Spider Alfa c'est encore bien plus dramatique! Rebaptisée Spider Europa, elle sera avec l'Alfa Romeo l'une des gloires du passé à être encore vendue aux "States" avec succès, ce qui est assez incroyable tant elle était obsolète!
En 1985 c'est enfin l'heure de la retraite et Fiat laisse le créneau vacant quelques années avant de remettre sur le marché un autre modèle tout aussi marquant, la Barchetta en 1994. L'adorable roadster aura aussi un vif succès mais il ne sera pas distribué aux USA. En 2005 elle cesse d'être fabriquée et Fiat rationalise sa gamme.
Dans les années 2000, c'est le retour en grâce de la Fiat 500. Le citadine est un carton commercial tel que Fiat délaisse toute sa gamme pour ne se concentrer que sur elle! Au catalogue du constructeur populaire Italien, à part elle, pas grand chose, c'est même une gamme 500 qui se développe autour de la petite transalpine à succès.
Mais en 2015, surprise, Fiat annonce le retour de la 124 Spider! Dix ans après l'arrêt de la Barchetta, c'est enfin le retour d'un cabriolet plaisir au sein de la gamme Fiat. Peu s'y attendaient mais Fiat à profité d'une collaboration avec Mazda pour développer son propre modèle sur la base de la MX5. Alors on pouvait craindre une "Mimix" rebadgée et sans inspiration vendue moins chère mais non, Fiat à fait un véritable effort et propose une alternative crédible à la Japonaise.
Un lourd travail a été réalisé sur le dessin et seule la cellule centrale reste identique entre les deux modèles. Pour le reste, tout est différent à l'avant jusqu'au pare-brise. La Fiat ne cherche pas à faire du moderne comme la MX5 mais renoue avec le passé en stylant un visage néo-rétro des plus réussi. Forme des optiques, calandre et bossages de capot sont des rappels discrets au modèle de 1966. C'est moins marqué à l'arrière où il aura été impossible pour des raisons de coût de créer cette poupe en forme de trapèze si spécifique à la 124 originelle. Les feux tentent avec subtilité de retrouver ces traits mais si on ne s'intéresse pas aux voitures du passé, on ne fera pas le rapprochement. En comparant la Mazda avec la Fiat, ce sont vraiment deux modèles très différents sur le plan du style et c'est tant mieux, moi j'aime les deux même si j'ai une petite préférence pour la Japonaise mais chut!
En ouvrant la portière en revanche on comprend que les finances ont imposées que le petit jeu cesse ici. Oui, à part le logo sur le centre du volant, tout est identique où presque. Bon, ce n'est pas un mal, la planche de bord de la Mazda est sympa et bien réalisée et puis avec son écran central tactile, elle entre dans une nouvelle ère qu'apprécieront beaucoup les plus jeunes clients. Le bonheur de conduire une MX5 est aussi du en grande partie à son comportement ludique (c'est toujours une propulsion) et sa position de conduite allongée au ras du sol est un délice. Le tout avec une direction précise et un levier de vitesses ultra court, on retrouve tout ça sur la 124, ouf!
Mais en levant le capot avant, surprise, les deux roadsters n'ont pas les mêmes moteurs. Sur la Fiat, c'est un 1.4 litres "Multiair" de 140 chevaux. Il est dopé par un turbocompresseur mais son comportement est plus bourgeois que dans la Japonaise à moteur équivalent de 131 chevaux. En fait, la moins puissante (la Mazda) est plus ludique à prendre en mains. Et pour plus de plaisir la version 160 chevaux apporte tout ce qu'il faut pour faire corps avec cette craquante et légendaire décapotable.
Chez Fiat, on a donc décider de réagir en proposant sous son label Abarth une version plus épicée. Le bloc 1.4 litres est identique mais sa puissance est désormais portée à 170 chevaux. Plus prompte à l'accélération et plus performante, elle profite en plus d'une sonorité plus envoûtante due au bienfait des quatre sorties d'échappement signant un look des plus suggestif. Car oui, une Abarth, c'est aussi et surtout une tronche et sur la 124, c'est le grand méchant look! Bouclier avant plus épais avec de larges prises d'air et capot noir mat donnent le ton, sympathique rappel du passé que j'apprécie beaucoup. Ne passons pas sur les jantes plus grandes, les petits bas de caisse latéraux et un pare-choc arrière qui reçoit les quatre sorties de "cheminée". Ah oui, le couvercle de coffre noir mat là encore, j'adore sans oublier les logos frappés du scorpion car oui, ce n'est plus une Fiat, c'est une Abarth!
A bord on joue avec de petits détails subtils et des rappels de couleurs associés à une sellerie en cuir spécifique. C'est ludique, sportif et moderne, bref c'est je trouve réussi. En revanche même dans cette version haut de gamme à 40.000€, impossible d'avoir une capote électrique. La MX5 l'a toujours proscrite mais pour avoir essayé ce décapotage manuel, je doit avouer qu'il est bluffant. D'une seule main on bascule en arrière la capote après avoir déverrouillé la poignée Idem pour la refermer où tout se fait sans avoir à bouger de son siège, il suffit juste de tendre le bras. Au moins aucun risque de panne et on a pas fait plus rapide!
Voilà qui est rassurant, il existe encore des modèles dédiés au plaisir, des voitures réservées à des amoureux des joies de l'automobile, ceux qui sont montrés du doigt comme des pollueurs égoïstes. Ah, triste époque où la voiture est injustement diabolisée, je ne désespère pas qu'un jour la roue tourne et que les constructeurs renouent avec ce plaisir des joies simples.