A Retromobile...
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Mercedes 540K Cabriolet A."
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Indie car."
L'histoire débute en 1933, lors de la présentation par Mercedes de la 380 K, un modèle qui remplace la série des "SS" et qui en profite pour se civiliser et offrir aussi du confort, l'une des faiblesses de la "SS".
Ici le "K" correspond au mot "Kompressor" car à cette époque, le turbo n'existait pas encore et son ancêtre était un compresseur dont la finalité se révélait quasi identique. Ce gavage est toujours utilisé par Mercedes de nos jours, Mini en avait également doté sa Cooper S, lui offrant une sonorité si particulière à l'accélération. Cette innovation est le fruit du travail de Paul Daimler et Ferdinand Porsche qui l'imposèrent en série dès 1921.
Cette 380 était équipée d'un moteur à 8 cylindres en ligne et de soupapes en tête, une pièce de haute technologie à l'époque qui en plus bénéficiait d'une suspension à 4 roues indépendantes, une première.
Mais la voiture se révèle assez lourde et fragile, Mercedes devra augmenter sa cylindrée pour encaisser la puissance du moteur, la 500 K apparaît alors en 1934.
Désormais fort de 160 chevaux, le nouveau bloc de 5 litres respire enfin pleinement, la voiture fait l'unanimité et s'impose comme une référence. Ce modèle était alors disponible sous plusieurs formes de carrosserie, toutes plus belles les unes que les autres, ces autos étaient en revanche de vraies voitures de luxe vendues à des prix délirants et réservés à l'élite mondiale qui n'hésitera pas à mettre la main au portefeuille pour acquérir ces modèles exclusifs.
Sa construction ne s'étalera que sur deux années et en 1936, sa carrière est déjà terminée, il en sera vendu alors 342 exemplaires.
En 1936 est présentée au salon de Paris sa remplaçante, la 540 K. Mercedes monte d'un cran le niveau déjà très élevé de la 500. Le moteur est toujours le 8 cylindres en ligne compressé, il développe 115 chevaux en utilisation "normale" mais une fois le compresseur "Roots" en route, la puissance bondit à 180 chevaux. Ce dernier pouvait s'enclencher à la demande du conducteur où lors des phases de grandes accélérations, la voiture pouvant atteindre les 170 Km/h.
Le châssis de la 500 a été retravaillé et allégé mais reste en gros le même revu et corrigé. Disponible en berline, coupé où cabriolet, la 540 K pouvait recevoir au choix trois châssis, deux longs et un plus court, toutes sont assemblées dans les usines de Sindelfingen.
Le soin apporté à la finition et au luxe des accessoires était au sommet de ce qu'il était possible de faire à l'époque, matériaux somptueux comme le cuir et le bois mais aussi de la nacre pour orner la planche de bord comme on le voit ici, extraordinaire! Avec cela s'ajoute un assemblage parfait et des chromes d'une qualité sans faille, quelle voiture mes amis et quel look!
Plus facile à conduire que la "SS" qu'elle remplace, la 500 K permet aux femmes de prendre le volant de cette voiture fabuleuse, elles étaient très peu c'est vrai à pouvoir s'offrir cet objet fantastique qui symbolisait sans doute ce qui se pouvait se faire de plus désirable au milieu des années 30. A se demander si c'est pour elle que le chancelier Hitler à fait bâtir les premières autoroutes Allemandes pour qu'elle puisse en extraire toute sa quintessence et asseoir la supériorité de ces voitures exceptionnelles tel un luxueux et puissant outil de propagande.
Au total, 342 voitures seront commercialisées sous 8 formes de carrosseries et trois tailles de châssis. La Spezial Roadster quand à elle restant la plus belle et désirable de toutes, un joyau!
Cette 540 K de 1937 présenté ici a été vendue neuve au Maharaja d'Indore Yeshwant Rao II Holkar. Comme toutes ces sommités, les Maharajas Indiens étaient épris de ces automobiles de luxe. S'ils affectionnaient les Rolls Royce, ils étaient aussi demandeurs de tout ce qui constituait le haut de gamme à 4 roues. Cette population si argentée pouvait se permettre de les faire personnaliser où de commander des pièces uniques, beaucoup de ces pièces d'exception garniront les garages de ces palais impériaux.
Son Altesse Yeshwant Rao Holkar II les accumule, en 1936 il s'offre une Lagonda, un coupé Bentley et une Duesenberg suralimentée. Mais il à aussi dans son garage une Pierce Arrow, trois Alfa Romeo, une Hispano Suiza J12, une Bugatti et une Delahaye, le nectar de la production automobile en somme.
Cette Mercedes 540 K est donc une pièce logique à ajouter au sein de son "cheptel". Il opte pour la carrosserie "usine" Cabriolet A qu'il trouve à son goût. Une voiture dessinée par Hermann Ahrens et dont la ligne est de toute beauté et qui ajoute le tour de force de rester fine et élégante malgré des dimensions plus que généreuses. Le bloc 5.4 litres sort 115 chevaux à la base mais en développe 180 quand le compresseur prends vie. On voit également le soin apporté aux finitions avec ces cuirs de grande qualité, des boiseries remarquables et cette platine en nacre qui décore le centre de la planche de bord, c'est prodigieux!
Cette voiture sera prochainement en vente chez RM Sotheby's mais ce n'est pas son premier passage dans cette maison de ventes. Elle y avait été adjugée en 2011 en Italie à la Villa d'Este où elle s'était échangée contre 1.4 million d'Euros. Elle est actuellement estimée entre 2 et 2.4 million d'Euros, là encore l'automobile de collection prouve qu'elle est l'un des "placements" les plus rentable qui soit.