A Retromobile...
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Jaguar XJ 220 C Le Mans."
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Objectif le Mans."
La folie des supercars explose au milieu des années 80, chaque constructeur de prestige joue la surenchère avec le modèle qui fera la une de la presse spécialisé et des médias. Toujours plus puissantes, toujours plus chères, ces objets spéculatifs se retrouvent plus souvent sur les tapis des salles de ventes que sur la route.
Jaguar veut aussi sa part de ce juteux gâteau qui attire le feu des projecteurs et permet de relancer les ventes du reste de la gamme, de plus ces voitures étant vendues si chères qu'elles rapportent même de l'argent malgré le faible volume de modèles construits, c'est tout bénef!
En cette période, Jaguar fait une razzia au Mans et voudrait en profiter pour présenter une voiture qui sera dérivée des modèles victorieux et pourra également participer à des épreuves d'endurance, en 1988 est présenté la XJ 220 au salon de Birmingham, la voiture est finalisée, sa ligne est quasiment définitive et la fiche technique fort alléchante avec un V12 6.2 litres à 48 soupapes et une transmission intégrale, miam! Signalons que tout est orchestré par le patron de TWR, Tom Walkinshaw qui s'occupe avec succès de la marque en compétition. Chez Jaguar on se frotte les mains, le bébé en gestation va sans aucun faire l'objet de tous les désirs et il ne devrait pas y en avoir pour tout le monde!
Et ça fonctionne, devant le félin exposé, les commandes affluent, il faut dire que la ligne de cette nouvelle supercar est de toute beauté, longue, basse et sculptée comme un galet, la XJ 220 offre une sensualité rare qui change du côté bestial des productions Italiennes. Les surfaces vitrées sont très généreuses, même le pavillon est en verre tandis que la mécanique s'expose sous une vitrine qui ne laisse personne insensible.
A bord on baigne dans une ambiance de GT, cuir, multiples fonctions électriques, rien à voir avec le côté "racing" d'une Ferrari F40 dédiée à la piste.
Un prix indicatif est fixé mais les clients sont avertis qu'il sera susceptible d'évoluer légèrement et un nombre limité à 220 exemplaires est décidé.
Tout semble aller pour le mieux mais pourtant un événement majeur va interférer dans la finalisation du projet, en 1989 Ford rachète les actions de Jaguar, pour autant il n'est pas question de stopper le lancement du modèle mais cette nouvelle collaboration va retarder considérablement le lancement de la voiture et bouleverser sa mise au point.
Ford décide d'en produire 350 au lieu des 220 prévues, quand au V12 il passe aux oubliettes pour laisser place à...un V6, celui de la MG Metro 6R4, pour le coup, le prestige en prends un sacré coup, comme si la couronne de la reine d'Angleterre était remplacée par une casquette "Burberry"! Si cette mécanique va se révéler très performante, elle y perd toute sa noblesse originelle. Ce bloc de 3498 Cc est épaulé par deux turbos "Garret" et souffle 542 chevaux. Les performances sont bien là avec 4 secondes pour faire le 0 à 100, 21 pour le kilomètre départ arrêté et 341 Km/h en vitesse de pointe obtenue par le pilote de F1 Marc Brundle sur le circuit de Nardo en Italie, un modèle sans catalyseur sera même chronométré à 349 Km/h!
Finalement, la mise en vente est effective dès 1991 mais la crise est passée par là, de nombreux clients on fait faux bond voyant la fin de la vague spéculative, et d'autres sont déçus par le manque de classe du moteur qui a perdu à leur sens de sa noblesse ainsi que sa transmission intégrale prévue à l'origine. De plus les prix se sont envolés avec une lourde facture de plus de 3 millions de francs...et une non homologation pour le marché Américain, ça fait beaucoup d'un coup!
Du coup, Jaguar ne fabriquera que 281 modèles jusqu'en 1994, trouvant avec difficulté des clients, le fauve s'y est cassé les griffes mais gardera pour la postérité un de ses modèles les plus extraordinaires jamais construit.
Côté piste, Walkinshaw à tout mis en oeuvre pour faire participer la XJ 220 à la plus prestigieuse de toutes les courses, les 24 heures du Mans. La voiture est prête en seulement 8 mois et obtient son "passeport" en catégorie GT. Elle devient XJ 220 C pour Compétition. De la fibre de carbone recouvre la carrosserie, l'aérodynamisme est optimisé et l'habitacle allégé et dépouillé de tout équipement de confort et de ses garnitures luxueuses. Le moteur est évidement le même ensemble qui est optimisé de façon à sortir au mieux 600 chevaux même s'il est capable théoriquement d'en encaisser 800.
Prête pour la saison 1993, la XJ 220 C est alignée sur la grille de l'épreuve Mancelle, en fait 3 modèles sont présents. Celle ici présente est la numéro 003 qui aura comme pilotes Paul Belmondo, Jay Cochran et Andreas Fuchs.
Lors des essais, les Anglaises affichent de belles performances face à leur rivales, les éternelles Porsche 911. Mais quelques incidents entachent ces séances, "notre" numéro 003 y perds son capot arrière!
Lors de la course, les voitures Britanniques surprennent et prennent la tête devant les Porsche, elles se montrent étonnement compétitives mais des ennuis de fiabilité mettront un terme à cette avance. "Notre" 003 abandonne sur rupture du joint de culasse alors qu'elle était en tête de la catégorie des GT. La 001 abandonnera également mais la numéro 002 arrivera en tête de son classement...avant d'être disqualifié à cause d'un catalyseur non conforme.
On retrouvera la 003 aux 24 heures du Mans 1995 aux mains d'une écurie privée, "PC Automotive" et dont les pilotes sernt Richard Piper, James Weaver et Tiff Needell. Abandon encore sur problème mécanique.
Rachetée ensuite par un collectionneur Japonnais, elle ne courra plus. Elle sera restaurée dans son intégralité en Angleterre et redécorée aux spécificités du Mans 1993.
Cette pièce d'exception était donc ici à vendre et trouvera un amateur qui aura dépensé 1.085.760€ pour repartir avec.