A Sinsheim...
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Mercedes-Benz 300 SEL 6.3."
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L'athlète en costume."
Née en 1959, la grande berline "W111" avec ses étonnants ailerons va rapidement subir les effets du temps et du style. La mode va vite et si aux Etats-Unis on relooke chaque année les modèles, en Europe ça prends le temps d'une décennie, alors mieux vaut ne pas se louper! La "W111" était une excellente berline mais son look marqué et déjà daté à obligé Mercedes à accélérer le rythme de renouvellement de ce modèle important en terme de chiffres de ventes.
C'est donc en 1965 que la "W108" lui succède, pour beaucoup la première "vraie" Classe S, c'est elle. C'est à domicile, au salon de Francfort qu'elle est dévoilée, son dessin tout en sobriété signé par le Français Paul Bracq ne déroute pas les clients de la marque, au contraire, on notera désormais que Mercedes abandonne définitivement les ailerons américanisant du modèle précédent. Le dessin se singularise par son profil totalement horizontal et rectiligne tracé à la règle, un costume Allemand parfaitement ajusté et de qualité où rien ne dépasse, c'est clair, net et précis. Avantage de l'exercice, une visibilité parfaite mais pas la moindre fantaisie, ce qui était aussi le but recherché, Mercedes, c'est sérieux. Et puis ça correspond à la demande outre Atlantique où le style des modèles est devenu beaucoup plus rigide.
L'avant est lui aussi archi connu, on y retrouve l'éternelle calandre chromée et ses blocs optiques verticaux très appréciés en ce temps et qui remplacèrent les phares ronds de jadis. La petite "Bracq touch" se retrouve avec la prise d'air débordante sous le pare-brise et ses essuie-glace qui croisent les bras. Aucune surprise non plus en regardant la poupe tout aussi géométrique avec ses petits feux rectangulaires encadrants la plaque d'immatriculation, seul les pare-chocs à double lame chromés apportent un léger changement, on les retrouvera sur la génération suivante d'ailleurs.
L’intérieur de cette grande berline offrait un très bel espace pour ses passagers, beaucoup de luminosité et un confort ferme mais remarquable. La finition très soignée et les matériaux utilisés étaient faits pour durer dans le temps mais on était bien loin de la chaleur d'une berline Anglaise, la rigueur germanique est aussi comme la météo Allemande, grise et pas souvent bien chaude.
Les premiers moteurs proposés sont tous constitués de six cylindres en ligne allant de 130 à 170 chevaux, la gamme est constituée de deux versions, la 250 et la 300. A noter qu'une version à empattement allongée est disponible sous l'appellation "SEL".
Mais en 1968 Mercedes met une bûche dans la cheminée et veux faire de sa berline une 600 en réduction. Car si la 600 fait rêver, elle est si chère que seul une poignée de millionnaires peuvent se l'offrir. Mercedes compte en quelque sorte la "démocratiser" au travers d'une déclinaison très haut de gamme de la "W111".
C'est l'ingénieur Erich Waxenberger qui va en avoir l'idée, la voiture est dévoilée pour la première fois au salon de Genève en 1968 et porte le nom de 300 SEL 6.3, nom de code "W109". Pourtant au premier regard le nouveau vaisseau amiral ne semble aucunement se distinguer de la brave "W108". Seul l'amateur avertit verra la présence de doubles optiques halogènes, de deux feux de brouillards supplémentaires, de pneus "taille basse" et surtout de ce monogramme 6.3 sur l'arrière droit du coffre.
En ouvrant la portière nous sommes en terrain connu, c'est comme la 280 SE mais avec une sellerie en velours épais et de nombreux équipements de confort ici désormais en série. Assis face au volant, le conducteur peux s'imaginer dans une sorte de petite 600 tant l'architecture et les matériaux sont similaires. Mais en réalité, nous sommes loin du luxe de la monumentale 600 qui était incontestablement ce qui se faisait de mieux au monde.
Mais l'important se trouve quelques centimètres en amont, sous le capot. Car c'est là que l'ingénieur Waxenberger à joué aux apprenti sorciers. L'homme à "viré" le six cylindres de la 280 SE pour faire rentrer au pied de biche le moteur de la 600!! Cette mécanique était à l'époque l'une des plus réussie au monde, l'ensemble de 6332 Cc à injection mécanique Bosch sortait 250 chevaux. S'il faisait des miracles sur la très lourde 600, ici avec 700 kilos de moins il avait le pouvoir de transformer la sage berline en dragster! Vitesse maxi de plus de 220 Km/h, 7.4 secondes au 0 à 100 et 27 secondes au kilomètre départ arrêté, c'était mieux qu'une Jaguar Type E...et qu'une Porsche 911!
Ici, on laisse le chauffeur repasser ses chemises et faire la cuisine, la 6.3 est une voiture de sport de 5 mètres de long et qui peux embarquer toute une famille, elle n'avait aucun équivalent et sera la première à faire ce type d'offre sur le marché. Et puis Mercedes ne s'est pas contenté de mettre une simple "bûche ramoneuse" dans l'âtre de sa voiture car les soubassements ont aussi fait l'objet de bien des attentions. On pouvait opter en option pour la suspension pneumatique de la 600 et le freinage à 4 disques ventilés se montrait parfaitement à la hauteur.
La 300 SEL 6.3 marquera son temps et fera plus tard des petits, Audi et BMW en feront une spécialité, ces fameux "Go fast" que sont ces berlines et breaks aussi performantes que des coupés de grand prestige sous une apparence bien sages de braves "Uber". Produite entre 1968 et 1972, le boulet de canon Germanique trouvera 6526 clients dont 1839 Américains. A savoir que la série "W108/109" se sera écoulée à environ 100.000 exemplaires. Vendue deux fois le prix d'une 280 SE, la belle était fort onéreuse mais restait largement en dessous d'une 600, un bon compromis qui en fait aujourd'hui une pièce de choix très recherchée des passionnés.
Ce modèle "coquille d’œuf" de 1970 est une version Américaine, rivale des Jaguar, Maserati...voir Rolls Silver Shadow, elle a aujourd'hui une forte cote d'amour et les modèles mis en vente s'échangent à prix d'or...et bien plus cher que les modèles cités juste avant.