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Citroën GS Birotor."
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Le triangle maudit."
C'est en 1970 que Citroën présente sa toute nouvelle berline de taille moyenne, la GS. Une ligne bien typée, des suspensions hydraulique et un 4 cylindres à plat refroidit par air, bref, une vraie Citroën, décalée, originale mais aussi confortable et spacieuse.
Elle va rencontrer un grand succès, élue même voiture de l'année 1971, elle évoluera au fil des millésimes mais elle gardera un handicap de taille, l'absence de hayon. Si son coffre carré est très volumineux, il faut se mettre quatre pattes pour y loger ses bagages, pourtant la ligne bicorps était idéale pour mettre en place une si pratique cinquième porte. Citroën y remédiera en 1979 avec la présentation de la GSA, un évolution de la GS plus qu'un nouveau modèle.
Le GS, c'est deux carrosseries, une berline et un break mais c'est aussi une version peu connue et d'une rare originalité, la "Birotor".
L'aventure, disons plutôt l’expérience du moteur rotatif "Wankel" a déjà été testée entre 1969 et 1971 avec la M35, une sorte d'Ami 8 coupé dotée d'un mono-rotor wankel de 49 chevaux assez vif mais peu fiable et gourmand. A cause d'un look ingrat et d'une vente sous forme de clients cobayes, la M35 vendue à 267 exemplaires était en réalité un prototype testé par des clients amoureusement aveugles de la marque aux chevrons.
Mais Citroën veut encore y croire et lance en 1973 la "Birotor". Comme son nom l'indique, c'est désormais deux rotors qu'elle abrite et sa puissance est désormais de 107 chevaux pour l'équivalence d'un moteur 2.0 litres. Comme toujours, la mécanique "Wankel" à ses avantages, moins de pièces en mouvements c'est moins de vibrations et un meilleur agrément à bord. De plus sa puissance assez élevée lui offrait d'excellentes performances avec 175 Km/h en vitesse de pointe. Notez que cette version reçoit d'office une boite de vitesses à convertisseur automatique à 3 rapports.
Mais 1973, c'est le choc pétrolier et le début de la "chasse au gaspi" et notre originale Citroën est en bien mauvaise posture. Car ces blocs rotatifs se montrent gloutons, comptez 13 litres au 100, ouille! De plus, ce type de mécanique demande des mécaniciens expérimentés et l'après-vente se montre compliqué. Il fallait être motivé en 1973 pour devenir mécano chez Citroën, entre ce moteur particulier et le bloc V6 Maserati de la SM, un vrai niveau d'ingénieur était requis!
Vendue à prix fort, la GS Birotor ne va pas faire exploser les ventes du modèle qui n'est disponible qu'en une seule finition haut de gamme. D'ailleurs cette version à quelques spécificités comme ses ailes avant et arrières élargis, des roues moins étroites dotées d'enjoliveurs inédits, de filets latéraux et des teintes inédites comme cette version deux tons souvent choisie. On pouvait aussi choisir un revêtement de pavillon en vinyle en option, très "classe" à l'époque.
A l'intérieur pas grand chose à part le combiné d'instruments très riche, pour le reste, c'est une GS comme les autres hormis une sellerie en tissu "noisette" et des garnitures de portes en simili.
C'est donc un échec commercial, née en pleine crise, elle est plombée par son prix et sera retirée du catalogue deux ans plus tard en 1977, 847 exemplaires en seront vendus. A l'époque, Citroën aurait racheté les survivantes afin de les détruire, pas une première car la M35 et d'autres raretés finiront ainsi en cube.
Voici donc l'un de ces exemplaires qui dévoile ici généreusement sa mécanique ingénieuse mais complexe et son habitacle chaleureux mais moins exclusif qu'espéré pour un modèle vendu à un tarif assez salé.