A Retromobile...
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Renault 30 TS."
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La grande sœur."
Les amateurs de voitures Françaises l'ont bien intégré, les berlines de luxe ne sont pas prêtes de revoir le jour dans l'hexagone dans ces années 70. Facel Vega à fermé boutique et l'aventure Monica à tournée court. Il nous reste toutefois quatre grandes marques, Peugeot, Renault Citroën et Simca. Dire qu'au début de l'aventure, au début du siècle on en compatit plus d'une centaine! Pour notre quatuor de généralistes, il ne faut pas se plaindre, les ventes de nos voitures en Europe sont bonnes et tant pis si aucune de nos marques ne propose un véritable vaisseau amiral...enfin si, il y aura bien la SM mais c'était un coupé qui sera foudroyé par la crise de 1973.
Amiral, tiens donc, voilà un nom que Renault connaît bien, c'était la version dépouillée de la brave Fragate. Depuis l'arrêt son arrêt en 1960, Renault ne possède plus dans son catalogue de grosse berline, seule la R16 assure le haut de la gamme. Avec son hayon à consonance "utilitaire", la R16 à prouvée avec ses version "TS" et "TX" qu'elle était une berline aux qualités incontestables. Toutefois, les esprits chagrins y voient une sorte de grosse R6, ce qui était peu flatteur.
En 1975, celle qui lui succède arrive en concession, elle prends le numéro 30, le plus haut jamais appliqué sur l'arrière d'une voiture au losange, tout un programme! La 30 est présentée avec sa petite sœur, la 20, la base est la même, ce qui saute aux yeux. Mais cette mutualisation qui pouvait paraître pour un handicap au départs e révélera gagnante. Les deux sœurs se démarquent uniquement par leur motorisations et leur finitions, la R20 étant moins cher et moins bien équipée que la 30. C'est désormais la vision haut de gamme vue par Renault.
Gaston Juchet sera le responsable du style mais il sera assisté par l'aide de l'informatique qui entre dans les bureaux d'étude. Une aide utile et précieuse qui va faire évoluer aussi le dessin de nos automobiles.
La Renault 30 reste fidèle à l'architecture bicorps, son style est sobre et conserve le hayon si cher à la marque au losange, un atout pour le côté pratique mais aussi une contrainte pour le standing, à l'époque ce type de carrosserie est plus vue comme un utilitaire que comme une berline huppée. Pourtant elle sera élue par l'Elysée et transportera le président Mitterrand ainsi que bien des ministres au sein du gouvernement du début de cette fin des années 70, elle est une vraie dignitaire de l’état. Mais pour bien la différencier de la R20, elle s'équipe de 4 optiques ronds, le signe des grandes routières du moment, comme chez BMW par exemple où Alfa Romeo. En revanche sous d'autres angles, il et bien difficile de faire le distinguo entre les deux, c'est ce qui lui causera sans doute le plus de tort. Pourtant Renault n'hésitera pas à la qualifier de "limousine 6 six cylindres" dans son catalogue, c'est quand même un brin pompeux.
L’intérieur est spacieux et très confortable mais la finition est beaucoup moins flatteuse, comme toutes les voitures Françaises de l'époque d'ailleurs il est vrai. Pour du haut de gamme, les matériaux, la présentation et les assemblages n'étaient vraiment pas à la hauteur de son prix copieux. Et puis ce tableau de bord tout en longueur avec sa grille de haut parleur face au passager n'est pas franchement affriolante, assis au volant , la "limousine extrêmement luxueuse" (dixit le catalogue) en prends un coup derrière les étiquettes!
Mais si nous devions faire un premier bilan ici, on ne peut que lui trouver que des qualités à cette grande berline. Elle est confortable, habitable, offre un vaste coffre qui en plus est modulable et des équipements riches pour l'époque, bref, le meilleur des mondes? En réalité, l'ensemble est plus nuancé quand on la détaille.
Renault inaugure avec sa grande berline le V6 "PRV" mis au point avec Peugeot et Volvo, un moteur qui devait être au départ un V8 mais que la crise pétrolière amputera de deux cylindres. D'une cylindrée de 2664 Cc, il développe 131 chevaux, s'il est souple il n'est en revanche guère fougueux et fort glouton, on parle de 27 litres au 100 à vive allure, il faut dire que sa boîte de vitesses n'a que quatre rapports...
En 1978, il passe à l'injection, boit moins et passe à 142 chevaux, il hérite aussi d'une cinquième vitesse, la voiture est légèrement relookée et gagne de nouveaux équipements de confort comme la fermeture centralisée et le régulateur de vitesse, rare à l'époque! La finition hélas ne s'arrange toujours pas. Notez ce petit détail, les poignées de portes sont maintenant inversées, sur le modèle ici exposé de 1976 on découvre ce accessoire qui sera uniquement disposé sur les versions des premiers millésimes, une rareté.
Le passage dans les années 80 lui oblige à revoir quelque peu son costume. Un lifting plus profond lui redonne un coup de fouet visuel et la replace dans l'actualité. La calandre adopte des barrettes horizontales chromées, ce qui lui donne un peu plus de classe. Les lames de pare-chocs sont recouvertes d'une protection de caoutchouc, les butoirs sont retirés à cette occasion. Autre détail subtil, les parties basses de la caisse sous les boucliers avant et arrière sont peints en noir. Enfin on note des jantes au dessin différent et un rétroviseur désormais en plastique noir et non plus chromé. Ah oui, une bricole amusante, l'essuie-glace côté conducteur adopte un astucieux pantographe.
A bord on change d'univers, Renault à décidé de lui offrir une planche de bord plus haut de gamme et digne de son rang. La métamorphose est radicale, désormais la planche de bord est bien dissocié et dissymétrique. Les instruments sont logés derrière le volant sous un même bloc, des boutons sont placés à droite et la console centrale est légèrement orientée vers le conducteur...comme chez BMW. Le passager à un vide poche creusé devant lui, la grille de haut parleur à disparue et ils sont logés dans les garnitures de portes elles aussi redessinées. Si aujourd'hui on s'amuse des couleurs et des matériaux, je pense que l'on à tort car sur la R30, on y trouve une généreuse moquette en partie basse et du velours au dessus...vous avez ça dans votre Megane où Laguna aujourd'hui?
Pour l'année 1982, la R30 se dote d'un bloc mazouté, un quatre cylindres de 2069 Cc de 85 chevaux, il est issu directement de la Renault 20 mais se révélait guère discret et performant, il ne rencontrera pas un grand succès, la "mode" du diesel au début des années 80 n'était pas encore d'actualité, surtout pour ce genre de voiture qui ciblait une clientèle aisée.
En 1983, après avoir reçu un discret becquet sur la base du hayon, elle s'éclipse du catalogue et sera remplacée l'année suivante par la R25 qui aura bien plus de succès.
La R30 n'aura pas eu une carrière facile, l'image floue de son style bicorps et la ressemblance avec la 20 ne l'aidera pas, de plus son unique "gros" moteur qui l'a beaucoup desservi, elle aura néanmoins sa place dans les ministères mais la CX et la 604 auront la préférence de nos gouvernants de l'époque. Il ne s'en sera écoulé que 136.403 exemplaires, autant dire que secrètement on espérait bien mieux de cette confortable routière. Mais l'appui bienvenu de la R20 fera oublier cette déconvenue et limitera les frais.
Longtemps oubliée, il semble qu'une poignée de passionnés essayent de sauver ces voitures injustement boudées, bravo à eux! Vous croiserez rarement un si bel exemplaire et aussi ancien de surcroît. Cette R30 TX datait de 1976 et sa laque marron métallisée lui collait comme un gant.