A Automedon...
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Plymouth Prowler."
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Baron noir."
Le moins que l'on puisse dire c'est que les années 80 ont été un cap difficile pour l'industrie automobile Américaine. Ayant été trop longtemps vus comme d'inébranlables constructeurs copiés et enviés, les Américains ne se sont pas adaptés à un monde qui change. La crise énergétique a été le coup fatal, celui qui fera entrer en masse ces modèles étrangers de taille plus modestes, de conception intelligente et adoptant des bases modernes et efficientes. Même les plus patriotes qui brandissent à leur fenêtre le drapeaux aux 50 étoiles...roulent en Toyota! Seul point de salut, les Pick-Up que les étrangers ont encore du mal à vendre en Amérique, ça changera plus tard. Constatant que la situation empire au début des années 90, les actions du groupe Chrysler perdent la moitié de leur valeur en 3 ans, on frise la catastrophe. Une série de modèles populaires et plus modernes est lancé et ils s'inspirent des productions Européenne mais aussi Asiatique. C'est le monde à l'envers, l’Amérique qui copie les autres! Reste une autre carte à jouer, l'audace.
C'est afin de redonner un nouveau souffle à son image que Plymouth va décider de sortir de sa manche cet atout. En 1993 on expose un incroyable Show Car voulu par le patron du moment, Bob Lutz. Elle se nomme Prowler et c'est un engin de folie qui est dévoilé en janvier au salon de Detroit. L'idée d'un "Hot Rod" des temps moderne à fonctionné car le public et la presse sont enthousiastes mais peu imaginent que cette auto délirante se retrouve un jour dans les concessions Plymouth. La mode "néo-rétro" naissante donne néanmoins des idées à de nombreux constructeurs qui flairent un bon filon grâce à cette vague nostalgique qui semble avoir de l'avenir, comme le dit le slogan d'une revue automobile, "Soyez modernes, roulez en ancienne".
En 1997 la version commercialisée est prête, on peut s'offrir une auto délirante et unique en son genre, un "show car" en vente libre! Il faut dire qu'il y avait de quoi baver devant cette ébouriffante nouveauté venue tout droit de chez l'Oncle Sam. Un look hors du commun et inimaginable pour cette voiture homologuée pour la route, on peu même la prendre pour aller faire tranquilou ses courses au "Walmart" du coin.
L'avant effilé est conçu pour recevoir uniquement le moteur, les trains roulants sont visibles comme sur une voiture des années 30...où une F1. La calandre rétro est entièrement peinte mais n'est pas fictive. des garde-boue protègent des projections mais afin de l'homologuer il faudra lui greffer des pare-chocs. Et même s'ils sont stylisés, ils retirent un (tout petit) peu de folie à la Prowler. Les phares sont collés au capot de chaque côté de la calandre.
Vue de côté la Prowler en met plein la vue, elle pointe en avant avec une longue proue, les roues étant comme jadis rejetées loin devant. si elle échappe aux marchepieds, un bourrelet est formé en partie basse et s'élargit à l'aplomb des ailes arrières rapportées. Le pare-brise très incliné et le couvercle de coffre arrondit finalise ce dessin on ne peut plus rétro. Une capote symbolique recouvre la voiture mais cette dernière est plus destinée à sortir par beau temps uniquement pour le plaisir. Notons les roues asymétriques qui sont de 17 pouces à l'avant et 20 à l'arrière!
Les feux arrières sont tels des traits de feutre rouge peints sur les ailes et la malle bombée toute lisse a été totalement épurée. Là encore on comprends que les pare-chocs ont été plus une contrainte qu'un élément de style mais ces concessions étaient incontournables.
L'habitacle est lui plus sage, si la partie centrale recevant les compteurs et laqué couleur caisse assure le spectacle, le reste semble en revanche emprunté à la grande série et les plastiques gris ne donnent pas qualitativement un bon rendu, le rêve du "show car" est ici un peu oublié. Comme toujours c'est en limitant les coûts que l'on peut permettre d'afficher un modèle aussi incroyable à un prix relativement accessible.
Mais, car il y a un mais, Plymouth lui greffe une mécanique bien timorée. Alors que l'on imagine un grassouillet V8 sous le capot, on découvre un petit V6 3.5 litres de 215 chevaux, on est loin alors du dragster que l'on pouvait espérer, le tout étant en plus servi avec une boite automatique à 4 rapports. Les performances sont décevantes, et la presse très déçue lui fera payer au prix fort. Il faut dire que si elle semble minimaliste, elle n'est pas si légère que ça, elle pèse 1300 kilos. Le 0 à 100 est fait en 7.3 secondes et la vitesse maxi n'est que de 190 Km/h! Si les accélérations restent correctes, on pouvait espérer mieux de ce dragster.
Revue en 1999, la puissance passe à 253 chevaux mais on est loin du rêve vendu par sa ligne, pour la plupart des gens, pour beaucoup la Prowler n'a que de la gueule et rien d'autre à vendre et le nouveau choix de teintes proposé n'y changera rien. Reste que le 0 à 100 est fait en 6.3 secondes mais qu'elle est "bridée" pour ne pas dépasser les 200 Km/h, gênant psychologiquement pour le client.
Vendue alors pour le prix d'une Corvette, elle ne convaincra pas grand monde et se vendra à 11.702 exemplaires en deux ans, juste avant la mort de la marque en 2000. Notez que les derniers modèles seront vendus sous le badge Chrysler pendant près de deux ans. Il faut dire que son usage limité, son confort rudimentaire et ses chronos quelconques referont vite revenir les rêveurs sur terre...et signer chez Chevrolet l'achat d'une Corvette nettement plus performante musclée mais aussi polyvalente.
Plus rare qu'une Corvette, elle est désormais un collector, de plus de nombreux modèles ont été modifiés sauce tuning, drôle d'idée sur une voiture comme celle-ci qui avait besoin de tout sauf de ça!
Sortie au départ uniquement avec la couleur "Purple métallic", elle pourra plus tard bénéficier d'autres teintes comme le jaune, le rouge mais aussi ce noir qui à mon sens ne colle pas à une voiture habillée d'une telle plastique. Si elle est injustement oubliée, elle reste pour moi l'une des voitures Américaine les plus marquante de l'histoire en terme de design.