A Retromobile...
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Renault 18 Turbo."
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La fausse méchante."
On ne peut pas dire que les stylistes tricolores des années 70 soient en effervescence quand on leur demande de donner vie à une berline familiale. Si du côté de Renault la R12 elle reste un immense succès, son dessin ne restera pas dans les chefs d'oeuvre du design. Pour lui succéder, le losange lance en 1978 une R18 qui se veux un cran en dessus.
Renault reste sur une ligne tricorps malgré la réussite commerciale de la R16 et celle qui s'annonce avec la R20 qui la remplace. La R18 présentée en 1978 est une catégorie en dessous mais elle donne presque le sentiment d'être du même format, en réalité, moins de 15 centimètres centimètres les séparent. Gaston Juchet en signe la ligne, qu'elle est sage cette 18, presque aussi classique qu'une Peugeot, c'est pour dire! Lisse et arrondie, elle ne fait aucun tapage visuel, de grands phares et feux rectangulaires, une calandre en plastique noire sans fioriture, des flancs lisses et une malle "tombante" comme sur la R12, pas de quoi déchaîner les passions. Finalement l'avant pointu sauve le tableau et lui apporte le dynamisme dont elle avant bien besoin.
Dedans même chose, une planche de bord en plastique moulée d'un bloc et des compteurs nichés dans un ensemble rectangulaire. Sur la console centrale les commandes traditionnelles et un levier de vitesses au plancher. Rationnel mais guère excitant.
En fait, la R18 semblait conçue pour attirer les clients de chez Peugeot, c'est une voiture habitable, confortable, dotée d'une belle visibilité et d'un vaste coffre, un "outil" idéal aussi bien pour se rendre au travail que pour partir en vacances.
Et ce ne sont pas ses dessous cachés qui qui changent la donne, moteur longitudinal en fonte à arbre à came latéral et essieu arrière rigide, du classique, voir du rustique! La version 1.6 litres reçoit elle un bloc en aluminium en revanche. Les puissances s'étalent entre 64 et 79 chevaux, la norme de l'époque.
J'ai été dur avec la R18 mais ses concurrentes n'étaient pas gravures de mode non plus, la Peugeot 305 semblait plus "frêle" quand à la Citroën GS, sa différence et son gabarit plus petit n'en faisait pas une vraie rivale. Restait aussi une outsider, la Simca 1307 qui avec son hayon pouvait faire la différence.
Mais la R18 va aller là où personne ne l'attendait, sur le terrain du sport. C'était culotté car aucune de ses adversaire n'avaient osé. En 1980, Renault alors leader dans le domaine du turbocompresseur étonne tout le monde en présentant une R18 Turbo. Voilà que la brave voiture de tonton René se transforme en une berline qui fait entrer les ados en concession pour la contempler. Car c'est inédit, une berline avec des attributs sportifs, c'était loin d'être commun à l'époque! Spoiler avant, monogramme "Turbo" en bas à droite de la calandre, stripping latéraux striés dans les parties basses des flancs, jantes alu au dessin futuriste et becquet arrière noir débordant sur les ailes, voilà qui détonne.
Dedans on trouve un volant à quatre branches spécifique, des sièges sport enveloppants comme Renault savait les faire, une instrumentation complète et surtout un manomètre de pression du turbo sur la console centrale. J'imagine les enfants à l'arrière non attachés (et oui, en 1980 c'était toléré) en train de contempler l'aiguille basculer de gauche à droite en s'agrippant aux sièges avants. Bien équipée, elle disposait de vitres électriques et de la fermeture centralisée, une sellerie en cuir était même proposée en option.
Bon, la pièce de résistance se trouve sous le capot mais en réalité tout ceci est un peu usurpé. Car on retrouve un bloc 1565 Cc en aluminium dont les origines remontent à la R16 TL. Mais l'apport du turbocompresseur "Garret" le fait passer de 66 à 110 chevaux! Mais le souffle est "dompté" et régulé par un procédé emprunté à Saab, de ce fait la conduite de la R18 Turbo est douce, agréable et vive sans être vigoureuse où franchement sportive. Suspensions, train avant et barre stabilisatrice sont revues pour faire au mieux passer la puissance.
En 1982, elle n'évolue pratiquement pas, seul les clignotants passent au blanc à la place de l'orange et les poignées de portes ne sont plus chromées mais noires. En revanche son prix augmente lourdement, elle passe de 53.600 francs à 64.000 francs!
L'année suivante signe une grosse évolution, les journalistes et utilisateurs semblant rester sur leur faim. Renault décide de passer à la vitesse supérieure et augmente la pression du turbo, la puissance passe de 110 à 125 chevaux. Un nouveau carburateur est aussi apporté. La boite de vitesses voit ses rapports modifiés, la première est raccourcie tandis que les autres sont allongés afin de réduire les consommations. Mais la voiture gagne 10 Km/h en vitesse maxi (elle est désormais de 198 Km/h) et le kilomètre départ arrêté est lui aussi amélioré avec 31.2 secondes. Comme la version précédente, elle n'est jamais violente ni piégeuse, le turbo entre en action comme il faut et en douceur, il apporte la puissance qu'il faut au bon moment.
A cette occasion on lui rajoute des freins arrières à disques, un chronomètre dans la pendule digitale, des stickers latéraux différents et un spoiler avant remodelé. C'est aussi maintenant que le break est disponible dans cette version...c'est le lointain descendant de l'Audi RS2...lointain j'ai dit!
Le prix décolle encore, nous sommes à 71.500 francs!
On arrive en 1984, la gamme est restylée et la version "Turbo" y passe aussi. C'est subtil car à l'extérieur, seul la calandre est très légèrement modifiée avec une partie haute peinte couleur caisse, ce qui amincit visuellement l'avant de la berline. A cette occasion, les lettrages "TURBO" sont inédits sur les flancs et beaucoup plus suggestifs. On note aussi des jantes "BBS" à nid d'abeille qui rajeunissent la voiture. Dedans la planche de bord est nouvelle, elle se voit équipée d'une casquette qui sera la patte Renault des années 80. C'est plus "mastoc" mais tout aussi "plastoc"! Elle y gagne un ordinateur de bord et plus de rangements. Toutefois ce nouvel aménagement fait plus riche et cossu mais mieux vaut ne pas regarder de trop près, c'est la période peu glorieuse des habitacles à la française et il n'y a pas que Renault qu'il faut montrer du doigt. Côté budget, elle est affichée maintenant à 77.800 francs, à croire que les acheteurs de la première version de 1981 peuvent la revendre d'occasion au prix d'achat tant elle n'a cessée d'augmenter!
L'année 1985 marque la dernière de cette version qui va ensuite "pourrir" lentement sur le marché de l'occasion. Les entretiens négligés et les acheteurs sans le sou vont ruiner la plupart des survivantes et le peu de demande des collectionneurs vont faire disparaître la quasi totalité des modèles. Les amateurs du genre se sont régalés face à ce modèle de 1981 lui aussi tout neuf! Cerise sur le gâteau, sa teinte originale qui est absolument délicieuse.