A Retromobile...
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Mercedes 6/40/65 Targa Florio."
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L'étoile et le compresseur."
Impliqué depuis ses débuts en compétition, la jeune marque Allemande Mercedes n'a pas encore le panache de nombreuses autres, un domaine où la France s'impose encore très souvent. On verra des Mercedes au Paris/Madrid, à la coupe Gordon Bennet, à l'ACF où encore au Paris/Vienne. Pourtant en 1914 Mercedes à mis les bouchées doubles et réalise un triplé au grand prix de l'ACF...une victoire vite effacée, la guerre éclate quelques semaines plus tard.
C'est une fois les canons rangés que Mercedes se remet à penser à la course. Si pendant la guerre la production de voitures civiles à cessé, les moteurs d'avions fabriqués par la marque étoilée ont permis à Mercedes d'affiner sa technologie...et de mettre parfaitement au point son compresseur qui peut s'adapter à l'automobile.
Et pour une fois, c'est sur des modèles de série que cette technique est employée, dès 1921 Mercedes propose à ses clients des version compressées qui offrent de vives accélérations à ces désirables, mais exigeants modèles. C'est sur la base de ces moteurs que cette même année Mercedes se réengage en piste. Un monstre est engagé, la 28/95 de 7.2 litres de cylindrée à fort à faire face à Fiat et Maserati qui alignent des modèles aux plus petites cylindrées, plus légères et surtout plus modernes. Si la voiture termine seconde à la Targa Florio, elle se montre lourde et ne peut suivre le rythme sur les routes sinueuses, il faut tout revoir pour enfin espérer éclipser la concurrence.
C'est donc en 1922 qu'est finalisée notre 6/40/60, mais pourquoi ce chiffre barbare? Il à bien une correspondance, 6 signifie sa puissance fiscale, le 40 la puissance réelle et le troisième est la puissance maximale du compresseur. Cette voiture est bien plus petite car elle doit courir dans la classe de moins de 1.5 litres de cylindrée. Elle y loge donc un moteur quatre cylindres 1499 Cc 16 soupapes à double arbre à cames en tête et équipé d'un compresseur "Roots", le tout affiche 72 chevaux.
La Mercedes n'en affiche pas pour autant un style minimaliste, elle en impose et laisse suggérer une mécanique avec bien plus de cylindres sous la mince cloison en métal que représente le long capot. La silhouette est étonnante, légère, la Mercedes est effilée et surtout tout a été dessiné de manière à porter le moins possible contre le vent à l'image des ailes parfaitement horizontales qui ressemblent presque à des éléments aérodynamiques! Les gros phares avant logés au bas de la calandre protégée par un pare-pierre ajoutent à cette étroitesse visuelle. Les échappements sortant latéralement du capot adoptent le chemin le plus rapide, la ligne droite en traversait carrément l'aile arrière! On remarquera sous la voiture des éléments de carénage démontables permettant de protéger la mécanique et qui étaient rapidement démontables.
Logées aux extrémités, les fines roues à rayon sont complétées par deux autres de secours fixées sur la proue de manière inclinée, ce qui dynamise visuellement le profil. Ici rien ne cherche à se dissimuler, durits, canalisation, sangles, fixations, la touche "racing" signe cette Mercedes hors norme.
C'est par la droite que l'on monte à bord, pas de porte, une simple échancrure qui emmène vers deux baquets fixe décalés. Ah oui, il faut aussi éviter de cogner dans le long frein à main extérieur. La place de gauche quand à elle est destiné au mécanicien, un allié bien utile sur ces courses où il y a systématiquement un bidule à resserrer où un pneu à changer.
Le pilote se trouve face à un joli volant en aluminium et bois et dont au centre on trouve non pas le régulateur de vitesses et la radio mais l'accélérateur à main et une manette d'avance. Ici on redécouvre tout, même les pédales sont dans le "désordre", l’accélérateur étant entre l'embrayage et la pédale de frein! Le levier de vitesse est lui acculé à droite, dans la cloison intérieure, imaginez aujourd'hui prendre en main un tel engin...
Pas de pare-brise, ni même de saute-vent, lunettes obligatoires. On s'en doute, le pilotage est brut de fonderie, les commandes sont rudes et le confort inexistant. Toutefois la Mercedes accélère franchement quand le compresseur débrayage se met en route, pour cela c'est simple, il faut uniquement appuyer à fond sur la pédale des gaz, là il s'enclenche! Bon, rien de brutal mais la voiture trouve ainsi toute sa fougue et surtout il se dégage une sorte de bruit de sirène venue de cette alimentation si typique.
Mais la bête est exigeante, freins à tambours servant plus de ralentisseurs et direction lourde font oublier tout agrément, la course, rien que la course à la force du poignet.
Mais malgré un bagage technologique époustouflant, la 6/40/65 finira 20ème au classement général aux mains de Scheef (la numéro 12 qui est ici exposée), la seconde pilotée par Minoia, elle abandonnera, fin de l'histoire.
Voici donc l'une de ces machine exposé sur le stand Axel Schuette, un lieu qui comme tous les ans offre au public des modèles incroyables et des pièces souvent uniques. Sachez aussi que la seconde a été exposée jadis au très joli musée de Mougins qui a hélas fermé ses portes depuis quelques années.