A Ingolstadt...
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Horch 830 BL Pullman Limousine."
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Retour au pays."
Regroupée au sein d'Auto Union en 1932, Horch continue de se positionner comme une marque de très grand prestige. Avec ses moteurs 12 cylindres en V, des lignes majestueuses et des finitions hors norme, les Horch n'avaient rien à envier à ses rivales, bien au contraire.
Mais la guerre va mettre un terme à la marque Allemande, les usines sont ravagées et on reconstruit dans le secteur de l'ouest une nouvelle usine qui ne fabriquera plus qu'une marque, DKW, la plus populaire. Horch est mis au repos tout comme Wanderer et Audi.
DKW réussi son retour, ses petites F-89/F-91 et le petit utilitaire se vendent bien, voilà qui est de bonne augure et à cette époque on envisage dans l'avenir remettre en route une chaîne de production portant à nouveau le blason rutilant de Horch.
Le directeur d'Auto Union s'appelle à cette époque Richard Karl Wilhelm Bruhn. Sans doute anticipe il le retour de Horch et demande à son équipe de concevoir et fabriquer une voiture unique qui serait une sorte de porte étendard portant le badge signé du H majuscule. Elle sera une berline statutaire mais qui roule, Bruhn veux qu'elle devienne sa voiture personnelle et qu'on la remarque lors de ses virées dans les rues de la région d'Ingolstadt car c'est ici qu'elle sera mise en chantier.
Une équipe entière s'y consacre, la mise au point d'un nouveau châssis est écarté, trop coûteux et surtout trop long à préparer. On récupère celui d'une Horch 830 BL de 1938 avec sa mécanique, un 8 cylindres en ligne 3.8 litres de 92 chevaux. Les carrossiers suivent les plans pour former à la main chaque élément de la voiture, l'artisanat au plus beau sens du terme. En juin 1953 la voiture est achevée et est offerte au directeur le jour de ses 67 ans, beau cadeau d'anniversaire!
L'allure de cette 830 BL est très classique, statutaire et un brin austère. L'avant semble très inspiré du rivale Mercedes tant la voiture ressemble (à la calandre près) à une 300. Les phares sont encastrés dans les ailes mais ces dernières sont encore semi-intégrées et bien rebondies. Le galbe prononcé se poursuit sur les portes avant et les ailes arrières sont elles aussi très marquées. La poupe et sa malle séparée descendante reprends les traits des Horch de la grande époque avec ses quatre barrettes chromées d'ornementation.
En fait, c'st surtout à bord que la Horch dévoile ses meilleurs atouts, la finition est somptueuse et une séparation chauffeur vitrée isole le passager et son hôte. De cossus sièges en velours accueillent les passagers, du bois garni les portes et la planche de bord, on a même installé des dragonnes pour s'extirper en douceur de la douillette et spacieuse banquette arrière.
La luxueuse voiture est utilisée régulièrement mais l'espoir de revoir naître Horch s'efface avec les années, Bruhn prends sa retraite en 1956 et l'usine se sépare de cette pièce unique revendue à un client Américain! Il s'agit d'un soldat stationné en Allemagne qui la fait rapatrier par bateau aux Etats-Unis, au Texas. De retour dans son pays, il l'utilise une dizaine d'années avant que la boite de vitesse ne cède. Trouver une telle pièce étant compliqué, la voiture est laissé à l'abandon dans son jardin avant d'être vendue à un ferrailleur. Elle n'a que 62.273 kilomètres.
Le casseur connaît un client qui aime les modèles "exotiques" et avant de la réduire au pilon, il le contact pour lui revendre, Al Wilson la paye alors 500$...et surtout la sauve!
Al Wilson fait des recherches et finit par retracer son histoire épique. La voiture est stockée dans un jardin où il possède d'autres automobiles oubliées, c'est vraiment un tic chez les Américains! Finalement Audi se décide en 2008 à lui racheter pour qu'elle revienne sur ses terres d'origine, de là où elle est née, à Ingolstadt.
Voici cette pièce unique à la riche histoire devant vos yeux. Restée dans son jus, j'imagine qu'un jour où l'autre Audi se décidera à la restaurer, ce qui reste encore un dilemme pour beaucoup, jus, limite épave où splendeur d'antan, un débat sans fin mais moi j'ai choisi mon camp...