Aux Mesnuls...
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Lancia Kappa Coupé 2.4 LS."
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Un K à part."
J'aime bien les années 90, sa musique et son tournant automobile. On généralise les équipements de confort et de sécurité, le style évolue avec l'arrivée du bio design, le retour des calandres et aussi un regain massif des coupés et des cabriolets. Les constructeurs sont prolifiques, on ose, on s'amuse, bref il y en a pour tous les goûts.
Chez Lancia en revanche on se cherche, la marque qui cultive un certain art de la bourgeoisie mais aussi des racines sportives semble ne pas s'y retrouver. C'est le début d'une lente agonie. La Delta est celle qui fait tourner la machine mais elle est au bout du rouleau et la fraîche Dedra peine à séduire. Finalement la vieillissante Y10 tire curieusement son épingle du jeu tandis qu'à l'autre extrémité la Thema souffre d'un âge fort avancé.
Il est temps pour cette dernière d'être remplacée, à cette époque les grandes berlines ont encore une importante clientèle et Lancia espère mettre en avant une image "premium" pouvant détourner une clientèle attirée par les modèles Allemands.
c'est le centre de style interne qui la dessine et quand elle est présentée en 1994, elle fait penser à une grosse Dedra. L'avant plongeant est mis en valeur par une belle calandre chromée, de massifs boucliers peints lui apportent une touche de modernité comparée à la Thema. La ligne 3 volumes est archi classique et très épurée. C'est propre, bien repassé et rien ne dépasse. L'arrière massif s'inspire de l'école Germanique avec de grands feux rectangulaires et un jonc chromé lui apportant une touche de luxe. L'ensemble est sobre mais pas fulgurant.
L'habitacle spacieux est assez sérieusement traité...pour une Italienne. Plastiques de belle facture, boiseries (au traitement discutable) et équipement complet, c'est un ds atouts de l'Italienne.
Sous le capot on trouve des 4 cylindres essence et diesel mais aussi des 5 et 6 cylindres essence qui lui offre un certain standing et une véritable légitimité.
Un break signé Pininfarina est vite présenté, son dessin est assez réussi avec une belle intégration de ce nouveau volume arrière.
En 1995 Bertone en extrapole un coupé, le concept baptisé Kayak que tout le monde à oublié est absolument superbe, on imagine le désir qu'il suscite auprès des amateurs de belles carrosseries quand Lancia annonce l'arrivée imminente d'un coupé en série.
La voiture lève le voile au salon de Turin 1996 et on imagine la déception de ceux qui pensaient y retrouver la Kayak civilisée. L'avant hérite de celui de la berline tarit pour trait, ce qui n'était pas forcément un mal. Non, le vrai problème est au moment de découvrir le coupé vu de profil, là, il y a comme un problème. L'empattement trop court et un porte à faux arrière trop grand déséquilibre complètement l'Italienne. Ajoutez à cela des roues trop petites et un montant arrière de custode trop en retrait des roues et vous obtenez un bide! Et ce n'est pas l'épais jonc chromé qui entoure les vitres qui y change quoi que ce soit.
L'arrière s'offre de nouveaux feux qui empiètent sur la malle et séparés par du chrome. La malle incurvée tente de mettre en évidence un certain art du style Transalpin mais ça ne rattrape pas un ensemble brouillon et mal fichu qui n'en fait pas un prix de de beauté. Dommage car je suis certain qu'avec un empattement plus long et un porte à faux arrière plus court, le coupé Lancia aurait eu une toute autre allure.
L'intérieur est en revanche plus convainquant, il reprends celui de la berline et avec une belle sellerie en cuir, on pourrait se penser à bord d'une Maserati.
Pas de diesel sous le capot, que des blocs essence et les plus puissants. Au menu un 4 cylindres 2.0 litres turbo de 205 chevaux, un 5 cylindres 2.4 litres de 175 chevaux et le V6 3.0 litres lui aussi de 204 chevaux, le fameux "Busso" signé Alfa Romeo.
Si intrinsèquement la Kappa Coupé est une bonne auto, elle va tomber sur un os supplémentaire, une rivale Française dessinée en Italie, la bien nommée 406 Coupé.
C'est la carrosserie Maggiora qui est en charge de la production, fabriquée presque artisanalement, elle alourdit son prix alors bien épicé comme une sauce pimentée de pizza. La clientèle à vite fait son choix et part en masse chez Peugeot où en plus d'être une starlette, la 406 coupé est en plus moins chère.
L'aventure du coupé trouve un terme rapide, il est abandonné en 2000 et seul 3620 modèles seront vendus (plus de 107.000 pour la Peugeot!), un flop! C'est la bérézina pour la marque, l'an 2000 est synonyme de bug, la nouvelle Delta laisse de marbre les clients et seul l'Ypsilon réussit à ne pas mettre la marque en faillite, merci Fiat qui lui donne encore des finances mais qui va ensuite tout lâcher pour proposer des Chrysler rebadgées. Ne parlons même pas de la Thesis qui fera pire mais dont je suis en revanche toujours amoureux de ses lignes, cherchez pas, c'est Bubu!
Mal aimée, elle à maintenant un cercle d'amateurs qui s'intéresse à ce coupé bourgeois et équipée de belles mécaniques vendus au prix de l'acier. Ce modèle parfaitement conservé de date de 1997 et est motorisé par le plus modeste moteur 2.4 litres de 175 chevaux. Un collector qui mérite un focus car même si elle ne fait toujours pas l'unanimité, elle reste un luxueux coupé tout à fait digne d'intérêt.