A Retromobile...
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Fiat 130 Coupé."
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Une ambition intime."
On l'oublie souvent mais avant guerre Fiat disposait de prestigieux modèles dans sa gamme et n'était pas uniquement un fabriquant de voitures populaires, tout comme Renault par exemple. Comme ce dernier, le retour à la vie civile après la seconde guerre mondiale devra imposer des choix, pour vivre, il faudra proposer des voitures abordables et des utilitaires, si le plan se déroule sans accrocs, alors pourquoi pas revenir plus tard sur le marché du luxe? Oui, de saines pensées mais quand on vends par centaines de milliers d'exemplaires de petites voitures bon marché, un retour vers le luxe est quasiment mission impossible. Et il n'est pas indigne de fabriquer de la grande série après tout, au contraire!
Fiat s'est fait le spécialiste des petite voitures à bas prix, le succès des 600 et 500 va permettre au constructeur Italien de lancer une belle gamme de modèles généralistes dans les années 60, de fusionner avec d'autres marques et de voir plus loin maintenant.
En 1969, Fiat rachète 50% de Ferrari, si la marque légendaire n'a pas franchement de problèmes avec la vente de ses modèles, cela ne suffit plus à compenser les dépenses considérables injectées dans la F1. Fiat apporte donc un soutien financier à Ferrari qui en échange dispose d'un joli fleuron...et donc dispose également de son catalogue de pièces. Aisi on retrouvera le V6 Dino dans un roadster puis un coupé badgé Fiat/Dino.
Plein d'assurance, Fiat pense qu'il a désormais la légitimité de proposer une berline de luxe capable de croiser le fer avec les modèles Allemands que sont les Mercedes et autres BMW. La gestation prends du temps car il faut trouver un dessin séduisant et crédible ainsi qu'un moteur digne de ce nom.
En 1969, la berline 130 voit le jour, c'est un grand moment pour Fiat qui a misé beaucoup sur cette prestigieuse voiture. Boano en a tracé les lignes, il travaille pour le centre de style du constructeur. Le dessin qu'il signe est imposant et statutaire. La 130 est une grosse berline tricorps de 4.75 mètres, si son style est archi classique, il manque singulièrement de personnalité, sans badge, impossible de savoir à quelle marque elle appartient où bien encore de quel pays elle est. Ni belle, ni laide, elle est tout simplement passe-partout, pour ne pas dire banale.
Pourtant elle propose des choses intéressantes comme un vaste habitacle très confortable et un équipement très riche à l'époque. Quand à son moteur, c'est un V6 signé Aurelio Lampredi qui n'est pas celui de la Dino mais un ensemble entièrement inédit. Sortit avec une cylindrée de 2.9 litres et affichant 140 chevaux, il va se montrer glouton et pas franchement transcendant. Il faut dire que la berline pèse son poids, plus de 1.5 tonnes. En 1971 la cylindrée évolue à 3.2 litres et sort maintenant 165 chevaux. On ne va pas se mentir, ce retour sur le créneau du haut de gamme est un four, la berline 130 est un échec et pour sauver la mise, un coupé est lancé en 1971. Cette fois on va missionner Pininfarina pour le dessin de ce modèle et c'est Paulo Martin qui en dicte les lignes. Le résultat tranche avec la berline mais il reste dans la même philosophie, du classique.
Le coupé est très long, 4.84 mètres. Paolo Martin trace des lignes tendues et des surfaces lisse, et épurées. Sous une trompeuse simplicité se dégage un dessin fort et puissant. Son regard est perçant avec ses longs et plats optiques rectangulaires et sa toute petite calandre, l'effet est accentué par le bout du capot qui descends subitement. Tiens, elle à aussi de faux airs de 504 coupé vous ne trouvez pas?
La vue de profil est à mon sens la plus intéressante, regardez bien et à quelle voiture pensez-vous? Et oui, la Ferrari 365 GT4 2+2! Et bien figurez-vous qu'elle sortira l'année suivante, oui, une Ferrari qui copie une Fiat en quelque sorte! Son grand empattement, ses longs porte à faux, ses larges custodes, c'est bien là que l'on prends conscience de ses dimensions. Et même si les jantes en acier "Cromodora" sont superbes, elles semblent bien petites.
La grande malle arrière plate et les gros feux géométriques s'inscrivent dans la mouvance des années 70, elle est même un peu typée Américaine cette Fiat.
Mais si la ligne laisse un peu perplexe, à bord Fiat sortait le grand jeu. Le luxe est ici apporté avec du velours épais et des moquettes généreuse, les boiseries de qualité sont copieusement servies sur les diverses garnitures et l'instrumentation est généreuse. La banquette arrière est fort accueillante avec son large accoudoir et ses lampes de lecture, même le pavillon à droit à un traitement "premium" matelassé, quelle classe! Le style tracé à la règle du tableau de bord n'est pas des plus sexy mais reste en cohésion parfaite avec le reste. En revanche son plastique noir replace Fiat là où il se situe, loin de Mercedes où BMW. Mais on oublie ce détail avec la large console centrale qui semble là encore sortie d'une Ferrari avec ses petits basculeurs que les deux marques se partagent. Le chic levier de la boite automatique donne envie d'être pris en mains tout comme le volant deux branches tulipé à "trous trous".
Rien ne manque à bord, stéréo, vitres électriques, direction assistée, climatisation, en cela elle mettait à l'amende...les Allemandes!
Un seul moteur était imposé, le V6 3.2 litres de 165 chevaux. Là encore la fiche technique est alléchante mais avec 1.6 tonnes à déplacer, les miracles ne la gravité ne peuvent plus grand chose. Le coupé est performant mais pas fulgurant. Disposant d'une boite mécanique "ZF" à 5 vitesses, on pouvait aussi opter pour la "Borg Warner" à 3 rapports. Elle disposait d'une suspension indépendante et d'un freinage à 4 freins à disques.
Le bourgeois coupé n'est donc pas une GT et malgré de vrais qualités, elle à aussi une lourde charge de défauts. Une consommation indécente qui arrive au pire moment, en pleine crise énergétique, des performances moyennes, un prix élevé (trois fois celui d'une berline 132!) et surtout une image...Fiat. Quelques soucis de fiabilité a rendront "infréquentable" et elle avait aussi tendance à bien rouiller, les aciers Italiens des années 70 étaient il est vrai catastrophiques.
En 1977 Fiat cesse sa commercialisation et avec seulement 4491 exemplaires vendus, elle restera comme un modèle maudit chez le constructeur qui abandonnera ensuite toute nouvelle tentative dans le segment. On travaille maintenant sur le projet d'une minuscule auto qui aura une tout autre carrière et sortira en 1980, la Panda!
Elles sont bien rares ces Fiat 130 coupé mais peut être moins que la berline pourtant vendue 4 fois plus! Son statut de modèle de standing à sans doute permis d'en sauver proportionnellement plus. Ce modèle de 1974 était une seconde main venant de Suisse, propre et saine, elle méritait toutefois quelques soins car portait quelques stigmates. De plus la décoration orangée qui lui a été posée est un peu discutable. Elle n'avait que 73.400 kilomètres et était à jour côté entretien, il était possible de repartir à son volant contre un chèque de 25.000€.