A Retromobile...
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Lancia Beta Montecarlo Turbo Groupe 5."
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Les garçons bouchers."
Sur le site internet de Lancia, une page s'ouvre, preuve que la marque Transalpine respire encore. Tout y est écrit en Italien et au menu un seul et unique modèle, l'Ypilon. Peut être, et je le redoute, le dernier modèle de la marque avant son extinction. Commercialisée uniquement en Italie, elle est le dernier fil de vie avant une fin programmée...où un fantastique retour qui sais?
Lancia, une marque pourtant si prestigieuse qui aura marquée l'histoire et aura imprimé de son sceau le sport automobile dans les années 60/70 et 80. Fulvia HF, Stratos, 037,Delta et Delta S4, toutes pilotées par les meilleurs pilotes de l'époque, de véritables pointures. Mais Lancia aura aussi produit un très grand nombre de modèles ludiques, des cabriolets et des coupés aussi raffinés que sportifs.
Dans les années 70 la mode est tenace, les voitures de "garçon coiffeur" font un malheur! Ce sont ces coupés abordables basés sur des modèles de grande série offrant une ligne suggestive mais des mécaniques simples et souvent timorées. L'avantage c'est qu'elles sont bon marché, ont un look canon, offrent 4 places et sont extrêmement fiables. Renault 17, Ford Capri, Opel Manta, VW Scirocco, Fiat 128 et j'en passe, ces voitures s'arrachent et le phénomène prends fin au milieu des années 80.
Lancia lance à cette période sa berline Beta en 1972, elle va générer un grand nombre de déclinaisons dont une succession de coupés, la Montecarlo étant la plus radicale de toutes. Sortie en 1975 et signée Pininfarina, elle est la plus radicale, architecture à moteur central, deux places et une ligne franchement agressive, celle qui se nomme Montecarlo porte en plus un nom qui laisse dans l'imaginaire les images mêlées de luxe et de course.
La réalité est plus nuancée, si la base était en capacité d'en faire une véritable voiture de sport, Lancia l'a édulcoré avec une mécanique bien sage, un 4 cylindres 2.0 litres double arbre de seulement 120 chevaux. Pire, aux USA où elle se nomme Scorpion, elle est bridée avec un bloc 1.8 litres de 80 chevaux, une honte!
Sa carrière en pâtira, si les 7595 exemplaires vendus en 6 années de production sont loin d'être ridicules, elle aurait sans doute fait beaucoup mieux en offrant au choix un bloc plus musclé avec 50 chevaux de plus, quel gâchis...
Pourtant la Montecarlo aura sa version ultra puissante car la branche compétition, alors très active à cette époque, va s’occuper de son cas. Elle y est inscrite au championnat Groupe 5, une catégorie où la puissance ds modèles exige que les voitures soient très modelées côté aérodynamique pour offrir le meilleur appui possible et profiter des bienfaits de l'aérodynamisme tant elles sont rapides. La catégorie de ces modèles "silhouette" est trusté par les Porsche 935 qui raflent tout sur leur passage. Pour Lancia, voilà un défi qui intéresse le "Team" maison, on rêve alors de mettre fin à cette domination Allemande...ce qui ne va pas être simple.
La Montecarlo sera la base...mais très éloignée car seul la cellule centrale sera préservée, le reste va être entièrement modifié. La mécanique est confiée à Abarth, la carrosserie à Pininfarina.
Quand la voiture revient chez Lancia en 1978, elle est transfigurée, un monstre!! Si on arrive à retrouver la cellule centrale, le reste est élargi de manière spectaculaire. L'avant se dote d'un spolier raclant le sol, on retrouve la fidèle calandre mais 4 phares ronds changent littéralement son regard. Ils étaient nécessaires pour habiller l'élargissement du bloc avant. Des extracteurs d'airs sont ciselés dans le capot et on y a creusé des puis dont l'un sert au ravitaillement en carburant. De côté les portes semblent en retrait tant les ailes sont débordantes, celles de derrière servent à faire entrer de l'air frais pour refroidir le moteur mais aussi les freins. On a même été obligé d'adapter un rétroviseur à "rallonge" pour avoir un semblant de visibilité vers l'arrière.
La poupe très étirée et se relevant un peu es coupée net tout en étant surplombée d'un imposant aileron. Un extracteur d'air d'où lequel ressort l'échappement fait presque office de niche, on pourrait s'y abriter en cas d'averse!
A bord c'est "Top Gun", un baquet, un volant, des manomètres, le levier de vitesse et beaucoup de concentration sans oublier un talent de pilote pour maîtriser les fulgurantes accélération de cet engin diabolique. Le moteur est un 4 cylindres 1.4 litres à 16 soupapes et qui adopte un turbocompresseur KKK. Il en est ainsi extrait quelque 473 chevaux pour un poids inférieur à 800 kilos.
Elle débute la compétition en 1979 avec des pilotes de renommé comme Walter Röhrl et Ricardo Patrese mais la fiabilité n'est pas au rendez-vous. A la fin de la saison, elle es corrigée et finit deuxième au général...loin derrière Porsche.
En 1980 on trouve deux catégories Groupe 5 les moins de 2 litres et les autres, c'est là qu'elle pourra afficher haut ses nouvelles couleurs tricolores que sont celles du légendaire sponsor d'apéritif Italien "Martini". Juste un mot dessus, c'est sans doute l'une des plus belle décorations que l'on verra sur les automobiles de course avec "Gulf" et quelques autres. La Montecarlo domine largement sa classe et termine première sur les 10 épreuves de l'année et qui en comportent 11! Mieux, elle arrivera en tête aux deux premières places à Brands Hatch devant les Porsche 935!
On retrouve des résultats similaires en 1981 et pour 1982 on dope la voiture avec une cylindrée augmentée à 1773 Cc et en y adjoignant un second turbo, la nouvelle version de cette Montecarlo Groupe 5 sort maintenant 520 chevaux. Attention, les Porsche en affichent...800!
En 1983 elle quitte le plateau car Lancia à extrait de cette voiture un version rallye, la fameuse 037 et la catégorie monte en puissance côté médiatique, il y a donc une carte à jouer. Ainsi la Montecarlo va devenir la 037 pour devenir une vedette du championnat Groupe B mais ceci est une autre histoire.
Ce parallèle n'est pas un hasard car au moment où j’immortalisais cette voiture, j'étais persuadé qu'il s'agissait justement d'une 037 de piste! Erreur, c'est bien la Montecarlo Groupe 5 ici en version 1979. Il s'agit de la toute première des 11 modèles construits. Le dernier pilote qui en prendra le volant de manière officielle en 1981 sera un certain Michele Alboreto! Cette voiture sera restaurée sur deux années en 2015 et 2016 puis participera et remportera des épreuves classiques.
Ce monstre fabuleux est une des trois qui vont se suivre simultanément au cours de cette visite et pourtant vous le savez, les voitures de course, c'est pas franchement mon truc sauf qu'ici...elles ont réussi à me fasciner.