A Retromobile...
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Fiat Panda 30."
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Géniale, en toute simplicité."
Fiat est le spécialiste de la petite voiture, le "pot de yaourt", c'est une Fiat! Un grand nombre se seront succédé depuis l'après guerre et dans les années 70 la 127 cartonne. L'arrivée massive des citadines bouleverse les priorités des constructeurs, Renault envoie au front en 1972 sa R5 qui va vraiment lancer hostilités, Peugeot riposte avec sa 104 puis viendra la Fiesta chez Ford, la guerre est déclarée.
Fiat prépare sa riposte mais compte proposer plusieurs "armes", une citadine moderne qui sera la Uno mais une plus petite et surtout minimaliste et ultra bon marché, la Panda.
Le public la découvre en 1980 et elle aura bien des similitudes avec la 2CV car la nouveauté questionne. Cette voiture anguleuse, pas très belle est pourtant signée Giorgetto Giugiaro pour Ital Design. Son physique n'est pas facile, taillée au "coupe-coupe", la Panda affiche des formes anguleuses et géométriques faites de surfaces planes et striés en partie basse, pas bô la toto! Pourtant avec le recul, cette simplicité frise avec le génie. L'avant affiche des optiques rectangulaires sur une calandre positionnée à angle droit du capot, l'aérodynamisme, pourquoi faire? Cette calandre est originale sur les premiers millésimes, c'est un bout de tôle peint couleur caisse avec une grille sur la partie droite, le logo FIAT est lui disposé à gauche. Les clignotants sont posés aux angles et le bouclier de couleur gris foncé utilise des matériaux composites. Le capot horizontal et lisse s'offre une ouverture côté passager, le pare-brise est quand à lui une pièce plane peu coûteuse à fabriquer et balayée par un essuie-glace unique.
La Panda mesure 3.38 mètres de long, sur les flancs, on trouve un pli de carrosserie qui ceinture la caisse et allège un peu la masse. L'autre astuce est cette parie basse peinte de couleur des boucliers et striée, une astuce sans doute copiée sur la Renault 5. Sauf qu'ici c'est du flan, il n'y a pas de protections, uniquement un voile de peinture. Symbole de sa rusticité, les charnières supérieures de portes sont extérieures et masquées par un cache en plastique noir au pied du montant de pare-brise. Haute sur pattes, la Panda loge ses petites roues aux 4 coins de la caisse. Les vitres, plates elles aussi, sont assez généreuses pour donner un sentiment d'espace à bord.
La lunette, dont la vitre est elle aussi plate, est légèrement inclinée. De petits feux migrent sur les côtés afin d'offrir une large ouverture du hayon, pratique. On retrouve là aussi un pratique bouclier en plastique utile en milieu urbain.
L'ouverture de la porte se fait par un petit bouton, un creux dans l'aile sert à la tirer vers soi. Le léger bout de tôle donne accès à un habitacle étonnant. Le mobilier a été réduit pour augmenter l'espace et limiter les coûts. C'est étonnant mais il n'y a pas de planche de bord, une sort de bac recouvert de tissu a été creusé pour y installer un combiné d'instruments et le volant côté conducteur et un immense vide-poche pour le passager. Le cendrier coulissant à du rendre fou de jalousie les ingénieurs de chez Citroën! Le bloc d'instruments est réduit à sa plus simple expression, un demi compteur de vitesse gradué jusqu'à 140 Km/h et une microscopique jauge à carburant. Des voyants s'allument suivant les alertes sur un fond quadrillé en vert et quelques boutons obligatoires sont fixés sur une platine à droite. La tôle est très apparente sur les portières, un bout de tissu minimaliste en habille une petite partie, bienvenue chez les tout nus! Délicate et rare attention quand même, les déflecteurs de vitres s'ouvrent, en 1980 c'est quasiment unique! Les sièges ne prennent pas beaucoup de place non plus, sorte d'hommage à la 2CV, une toile habille une mince armature mais ça fait le boulot! Même sort pour la banquette arrière ce qui du coup fait que la Panda offre un espace à bord volumineux eu égard de sa taille réduite. Et comme la banquette est rabattable, elle peut se transformer en camionnette de poche.
La version d'entrée de gamme, la "30" ici exposée n'était vendue qu'en Italie, elle pèse 650 kilos! Elle utilise un bicylindre refroidit par air de 903 Cc qui développe vous l'aurez deviné, 30 chevaux. La "34" qui était proposée en France faisait office d'entrée de gamme avec un prix canon et le minimum vital! Toutefois elle s'offrait un moteur 4 cylindres de 843 Cc affichant 34 chevaux. Économe, amusante et facile en ville, spacieuse, cette petite citadine capable de plafonner à 125 Km/h était une auto franchement intelligente. Elle utilisait les fondamentaux, mais les bons!
Les ventes démarrent bien, on pouvait pour le prix d'une voiture d'occasion s'offrir une deuxième voiture neuve et garantie, la Panda connaît en Europe un rapide succès. La version "45" sera le meilleur compromis, elle s'offre même une boite à 5 rapports et frise les 140 Km/h. L'équipement est enfin décent et la "boite à malice" monte doucement en gamme.
Une version 4X4 sort en 1983, personne ne l'attendait sur ce terrain! Incroyable d'efficacité, la Panda avec son poids plume , sa garde au sol rehaussée, ses petits pneus et sa transmission intégrale conçue par "Steyr-Puch" grimpe aux arbres! Dans les régions montagneuse elle cartonne, Fiat ne devait pas penser que la demande serait aussi forte!
Qualifiée à tort de ringarde, la Panda dupe tout le monde et connaît le même destin que la 2CV. En 1986 on la relooke, la calandre est inédite et en plastique noire, c'est plus moderne mais le trait de génie originel est gommé. On lui enlève aussi la peinture grise appliquée sur les flancs, ce qui à mon sens ne lui rends pas service en lui donnant une allure plus pataude. Les déflecteurs de custode disparaissent et de nouveaux rétroviseur en plastiques réglables de l'intérieur arrivent. Le bouclier arrière est nouveau car il accueille la plaque d'immatriculation, ce qui oblige à remanier le hayon. La planche de bord s'embourgeoise un peu mais conserve sa structure originale. Les garnitures sont plus étoffées sur les portières, les sièges deviennent confortables et l'équipement s'embourgeoise.
Côté plate-forme on dégage la suspension arrière utilisant d'antiques ressorts à lames pour une solution à ressorts issus de l'Autobianchi Y10. Arrivée aussi des fameux moteurs "Fire" 750 et 1000 Cc de 34 et 45 chevaux, une version qui sera plébiscitée. Fiat ira même jusqu'à proposer un bloc diesel mais uniquement destiné au marché Italien. Ajoutons y au fil des ans une version automatique "Selecta" utilisant une transmission par courroie à variation continue, des tas des séries spéciales et même un modèle électrique en 1990, l'"Elettra". Au cours des années l'équipement à fait un bond en avant en s'offrant même le luxe de vitres électriques sur les modèles haut de gamme, ce qui au départ semblait inconcevable.
Ultime lifting en 1992 avec une calandre redessinée et plus étroite tandis que les moteurs passent à l'injection. Avec l'arrivée de la Cinquecento, la gamme Panda diminue et devient de plus en plus spartiate, comme un retour aux origines.
Fiat la conserve à son catalogue jusqu'en 2003, son prix était son principal atout et comme seconde voiture, elle restait un choix intéressant même si une Renault Twingo un peu plus chère en offrait bien plus maintenant. Mais qu'importe était largement amortie!
La Panda aura droit à une sœur jumelle vendue chez Seat, la fameuse Marbella. Il se sera vendu en plus de 20 ans 4.5 millions d'exemplaires de Panda et environ 1 million de dérivés SEAT, Panda et Marbella.
Énorme succès de Fiat, la Panda à été moquée par beaucoup mais ses ventes prouvent qu'elle était une auto bourrée de génie. Les premiers modèles sont maintenant rares sur nos routes et méritent d'êtres sauvés. Cette petite auto attachante et bourrée d'astuces doit être regardée comme un coup de génie qui en plus est signée du grand Giugiaro. FCA Heritage exposait pour mon plus grand plaisir à Retromobile ce sublime exemplaire rouge de 1980. Avouez que vous n'en aviez pas vu une si jolie depuis combien de temps?