A la Ferté Vidame...
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Citroën DS 21 Pallas."
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Monument national."
Voilà exactement un siècle que Citroën distribue ses automobiles. Le patron était un passionné, sa réussite il la devra à sa petite Type A, conçue à la chaîne, en utilisant les mêmes procédés de fabrication de Ford dont il avait visité les usines en Amérique.
Le credo de Citroën, innover pour exister. En 1934 la Traction Avant fait elle aussi un bond...en avant. Pleine de solutions modernes et novatrices, cette voiture à su marier tous ces éléments avec intelligence. Ainsi la berline offre un comportement routier rarement atteint, un grand confort lié à un ensemble d'une rare homogénéité. En plus elle est joliment dessinée sans jamais trop en faire. Elle sera la dernière voiture du vivant d'André Citroën. Cette Traction aura été aussi celle qui à failli faire chavirer le navire de Javel, les ambitions pharaoniques du patron ont mis sur la paille les finances et c'est Michelin qui va sauver l'entreprise...mais pas sans sacrifices pour les employés.
Son remplacement est prévu pour le milieu des années 40...mais vous connaissez la suite. L'Europe est sous la coupe d'Hitler, pendant ce temps on travaille en secret chez Citroën pour les jours meilleurs. Mais la priorité sera une voiture adaptée à un marché qui ne pourra s'offrir qu'une petite automobile, la remplaçante de la Traction est mise de côté, on dessine celle qui deviendra la 2CV en 1948.
A l'armistice, on reconstruit usines et chaînes de montage, la 2CV et le HY arrivent tandis que la Traction prolonge son activité. C'est maintenant que l'on s'agite les neurones pour l'avenir, une berline qui succède à la Traction.
Une petite équipe est constituée, ces hommes ont carte blanche pour livrer au milieu des années 50 une berline inédite qui doit orienter tous les autres constructeurs, un modèle révolutionnaire qui sera l'étoile à suivre.
Elle doit être sécuritaire, priorité à la visibilité, pas de montants de portes et un pare-brise très bombé que Saint Gobain aura du mal à mettre au point. L'avant doit aussi se déformer et absorber les chocs. Un volant presque en lévitation et à une seule branche favorise la lecture des instruments. Enfin elle conserve le principe des roues avant motrices et mise sur un comportement routier au dessus de tout ce qui existe.
Pour affiner l'ensemble, on adopte la suspension hydropneumatique déjà mise en place sur la Traction 15/6 H. Cette version de série était en réalité une sorte "mulet" mise à la disposition des clients qui effectuaient sans le savoir des tests pour la base de la futur DS! L'hydraulique, c'est le "sang" de la DS. Grâce à ce fluide, la berline gomme les aspérités se la chaussée, conserve une assiette constante et peut même au besoin se "lever" où se "coucher" grâce à une simple manette. Le liquide hydraulique sert aussi à l'assistance de la direction, à l'embrayage et au freinage. Tout est maintenant assisté et associé à des sièges au moelleux rare, un tapis roulant.
Dernier point, l'emballage. C'est Flaminio Bertoni qui finalise le dessin, pour beaucoup il s'agit de la voiture la plus belle jamais dessinée au monde. Certes, c'est un chef d'oeuvre, une sculpture qui semble voler au dessus de la route. Nous sommes en 1955 et le parc automobile était formé en immense majorité de modèles à "caisses carrées" où à ailes encore apparentes. La DS oublie ce schéma et son allure vieillit de 30 ans tout ce qui roule!!
Le long museau très fin n'a plus la moindre calandre, l'entrée d'air se fait en dessous, dans le bavolet. Les phares sont intégrés aux ailes dans une ligne "ponton" qui possède tous les codes des modèles à venir ensuite. Le pavillon semble "flottant", la caisse s'évase sous les vitres qui ceinturent la voiture, la ligne est incroyablement profilée mais superbement fine et majestueuse. La fuite en arrière du coffre et la lunette panoramique donne la sensation que de profil la voiture avec son avant levé à toujours un mouvement d'accélération. Chaque pièce, chaque détails à fait l'objet de tous les soins, clignotants en forme de cornets aux cois arrières du toit, charnières de coffre subtilement fondues dans le dessin, style ondulé des custodes arrières en inox, pare-choc avant en flèche prolongeant le capot en forme de coque de bateau inversé et ailes arrières carénées qui cachent les roues pour alléger le dessin si fin de cet arrière savoureusement affiné. La DS est une sculpture en mouvement et au salon de Paris 1955 c'est un choc comme il ne s'en est jamais produit...et ne s'en produira plus! La foule se bouscule pour la voir sur son plateau tournant, on fait des heures pour qu'un vendeur prenne votre commande, le succès est foudroyant, la DS à marquée l'histoire de l'automobile et aussi un peu celle du 20ème siècle.
Elle restera 20 ans au catalogue et même au moment de partir à la retraite elle était bien supérieure à ses rivales sur bien des points. Le succès sera immense, 1.455.746 exemplaires vendus et des déclinaisons coupé, cabriolet, break et même une incroyable présidentielle. Allez, tout le monde s'accordera sur un seul point négatif, ses mécaniques qui au départ étaient bien tristes et issues directement de la Traction. Mais au fil des années tout rentrera dans l'ordre même si la DS n'aura jamais eu droit à un moteur 6 cylindres.
Objet culte, elle fascine partout, au Japon où aux USA, la DS est légendaire, tout bon musée se doit d'en exposer une, c'est un monument automobile...et il est Français, levez les couleurs!
Incontournable ici pour cette célébration, je vous présente une superbe berline 21 de 1967, la dernière année sous cette forme, ensuite elle adoptera un inédit regard signé Robert Opron...et incroyablement réussi! Rappelons que la 21 Pallas était le modèle haut de gamme et la plus désirable de toutes les DS.