Direction Retromobile avec en même temps la folle collection Baillon...
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Simca Versailles."
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La plus Américaine des Françaises."
Pas facile pour moi de s'y retrouver dans cette grande famille de Simca, entre les Vedette, Versailles, Regence, Chambord et Trianon, c'est vraiment pas simple, elles se ressemblent toutes! Normal, la marque s'étant alors trouvée un style tres Américanisant qui plaisaît alors tant aux Français à l'époque et développe une gamme complête avec un unique modèle.
Pour mieux comprendre, il faut remonter à 1954 où Simca rachète Ford S.A.F, la fillialle Française de la marque à l'oval bleu. Dans les cartons, Simca obtient la nouvelle usine de Poissy et un modèle quasiment achevé, la Vedette. Conçue par les ingénieurs de Detroit, la nouvelle berline d'origine Américaine mais qui devait être vendue en Europe, adopte un style totalement "Yankee". Ce look est dans les années 50 une référence et fait rêver le monde entier, la gamme Vedette va donc s'en servir au maximum pour offrir un peu d'Amérique aux Français pour bien moins cher qu'une authentique voiture venue d'outre Atlantique.
Présentée au salon de Paris 1954, la gamme Vedette se veux déjà tres large et originale, chaque modèle adopte un nom qui est associé à une finition et adopte un bloc V8 2.3 litres de seulement 80 chevaux. On y trouve la Trianon en entrée de gamme et tres dépouillée puis la Regence nettement plus flatteuse, la Versailles qui signe le haut de gamme et la Marly qui est le modèle break tres pratique et surtout ultra chic.
La voiture fait mouche, le public Français est séduit, il faut dire que le style de la Vedette est tres réussi et ne fait pas voiture Américaine au rabais. Volumineuse mais de dimension adaptée à l'Europe, elle singe les gimmicks de modèles de Detroit, large calandre chromée, grands ailerons arrière, peinture bicolore (sauf pour la Trianon) et chromes généreusement distribués. Le moteur V8 fait lui aussi illusion...sur le papier car l'antique bloc à soupapes latérales est digne d'une machine agricole et n'apporte que peu d'agrément. Aves ses 80 chevaux et sa boite mécanique à 3 rapports, il suffit juste à déplacer la berline tricolore à une vitesse maxi de 140 Km/h mais sans offrir le moindre agrément si ce n'est un son plus noble qu'un quatre cylindres. De plus sa consommation importante fera réfléchir bien des pères de famille.
Vendue plus cher que l'austère 403, la gamme Vedette rencontre un joli succès, son côté chic et son look font mouche mais l'arrivée en 1955 de la DS va changer la donne, le "vaisseau spécial" de Citroën donnera du fil à retordre à Simca qui devra mettre en avant d'autres atouts pour asseoir sa gamme. Quand à la Renault Fregate, elle ne fait plus peur à grand monde, le haut de gamme du losange sortit en 1950 étant un bide commercial.
En 1957 la gamme est relookée et pour attirer les clients effrayés par le moteur V8, un modèle d'entrée de gamme équipé du 4 cylindres de l'Aronde est ajouté au catalogue, l'Ariane 4. Avec 47 chevaux et un poids élevé, elle se montre plutôt à la traine mais curieusement, elle se vendra tres bien grace à son prix bien placé et son style flatteur qui séduit.
Pour les autres modèles à moteur V8, le dessin est retouché, calandre élargie, ailerons plus imposants et pare-brise panoramique, ce qui suit la tendance impulsée par les Etats-Unis.
la Trianon est supprimé et est remplaçée par l'Ariane 8, la Versailles devient la Beaulieu et la Régence se mûe en Chambord. Le break Marly est conservé et une version élitiste "Presidence" se place au sommet de la série.
Mais malgré ces nouveautés, la gamme constituée principalement de moteurs V8 fait fuir les familles, la DS de son côté semblant fort séduisante bien qu'intriguante pille les clients de chez Simca.
La marque Française semble en revanche rencontrer plus de chance avec des modèles plus modestes comme l'Aronde et l'Ariane et va délaisser la gamme Vedette qui voit ses ventes s'éffondrer, en 1961, c'est la fin de vie de cette famille. Simca part ensuite vers des modèles plus modestes, un choix judicieux qui va lui permettre un avenir plus radieux et voir sa production augmenter de manière siginificative pour s'implanter de manière durable dans le paysage automobile Français des années 60 et 70.
La voiture prise ici en photo est une Versailles, le top de la gamme à l'époque. Au menu des chromes généreusement distribués, une peinture deux tons, ds feux de brouillard dans la calandre et des pneus à flanc blanc. Ces petits luxe faisaient la différence avec évidemment la même chose à bord de son habitacle confortable et douillet. La Versailles sera la plus Américaine des Françaises et son style décalé séduit toujours même si paradoxalement sa côte soit bien moins soutenue que la DS qui reste et restera à jamais une légende à quatre roues.