A Arese...
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Alfa Romeo Spider 2.2 JTS."
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Les formes mais plus le fond."
Je me souviens bien de ce jour de 2002 au salon de Paris quand j'ai découvert sur le stand Ital design le concept Alfa Romeo Brera, un véritable coup de cœur! La ligne fantastique de ce coupé de rêve laissait présager un passage à la série, il aura lieu quatre ans plus tard.
En 2006, le nouveau coupé Alfa Romeo hérite du nom Brera et de sa ligne...enfin presque. Car si le concept m'avait émerveillé, le modèle de série me laissait un peu plus dubitatif, la faute à des proportions qui déséquilibrent à mon sens la voiture. C'est surtout la partie arrière vue de profil qui perds sur le modèle commercialisé sa si belle harmonie avec cette vitre de custode qui vient perturber le dessin originel. Oui, je suis dur mais si le concept n'avait pas existé, je l'aurais certainement jugée autrement. Notons qu'elle à pour tâche de succéder au coupé GTV plus compact mais signé Pininfarina.
C'est Giorgetto Giugiaro qui griffe la ligne de la Brera, et il réussi quand même un joli coup. Basée sur la partie technique de la berline 159, elle doit aussi composer avec. On retrouve donc en gros l'avant de la 159 avec ses six phares ronds enchâssés, le mythique cœur de calandre et ce capot qui s'articule autour avec ce style si caractéristique. Et il est vrai que vue dans le rétroviseur, on peut aisément confondre les deux.
De profil, bien que la version du salon de 2002 soit bien plus équilibrée, la Brera reste séduisante mais peut être aurait il fallu amincir les vitres pour lui donner un aspect plus aiguisé. Mais l'ensemble est homogène et on trouve de jolies poignées de portes chromées qui vont bien avec son statut de GT haut de gamme.
Derrière les feux joliment ouvragés encadrent une lunette à la forme savamment réalisée avec cette pointe qui "pique" sur l'emblème de la marque. Le gros bouclier laisse apparaître quatre sorties d'échappement laissant augurer des performances de haut vol. On verra plus bas que c'était un peu présomptueux de sa part.
Une fois la porte ouverte, on replonge dans une 159! On le comprends, ce sont pour des raisons économiques, ce qui permet aussi de comprimer (relativement) les prix. Avantage néanmoins, ce dernier était assez soigné et présentait un dessin typé avec sa batterie de compteurs sur la console centrale orientée vers le pilote. On trouve aussi de beaux sièges intégraux qui avec une sellerie cuir colorée qui donne une allure exclusive à ce coupé très chic, surtout quand il est bardé d'options comme la navigation, les sièges électriques où encore le toit vitré "Skydome". Quatre places sont offertes mais celles de derrière sont étriquées et le coffre est peu généreux malgré un pratique hayon, le Coupé 406 était bien mieux loti...et tout aussi séduisant.
Mais la Brera va buter là où personne ne l'attendait, sur la partie dynamique. Cette traction avant hérite d'un moteur V6 mais provenant de chez Holden, une grave erreur!! Les V6 Alfa Romeo "Busso" sont légendaires, ils offrent un agrément unique et une musicalité hors pair, les clients passionnés d'Alfa signeraient rien que pour ce moteur. Et pourtant cet ensemble venu de chez General Motors est tout autre. C'est un V6 3.2 litres de 260 chevaux. Sur le papier, il semblait bien en apparence, mais dans les faits, il déçoit. Le 0 à 100 est fait en 6.8 secondes, la vitesse maxi est de 230 Km/h, c'est pas mal. Sauf qu'au volant, on s'ennuie, la Brera V6 est souple, linéaire mais n'offre aucun relief, pas d'âme, bref elle ne dispose pas de l'ADN Alfa. Et puis il faut aussi mouvoir les 1700 kilos de l'engin, ce qui n'était pas une tâche aisée. Je tairais la musicalité indigne d'une Italienne et aux antipodes du légendaire "Busso".
Le catalogue offrait aussi le choix d'un 4 cylindres 2.2 litres de 185 chevaux, il permettait un accès à la gamme et était à peine moins performant. Il sera ensuite remplacé par un 1750 Cc "TBi" de 200 chevaux qui lui sera bien supérieur. Notez aussi qu'un gros bloc mazouté 5 cylindres 2.4 litres de 200 chevaux faisait baisser son appétit...mais offrait un bruit peu en adéquation avec une telle GT.
La presse et les fanatiques ne lui pardonneront jamais, la Brera débute sa carrière avec ce "sabot" aux roues qui ne la lâchera jamais. D'autant plus que le concept de 2002 affichait fièrement un V8 Maserati de 400 chevaux, je vous laisse imaginer la déception des aficionados.
Pas de miracles concernant les ventes, elles vont culminer la première année pour ensuite s’effondrer sans jamais se relever la Brera sera un cinglant échec commercial, elle ne se vendra qu'à 21.661 exemplaires. Pour vous faire une idée, la 406 Coupé c'était plus de 107.000 modèles écoulés!
Pourtant elle sera aidée par une déclinaison qui aura été refusée à la Peugeot 406, le cabriolet. Il est lancé peu de temps après le coupé et pour une fois, je le trouve plus séduisant que le coupé. Il est d'ailleurs élu cabriolet de l'année 2006.
Là, c'est Pininfarina qui en trace les lignes sur la base du coupé signé Giugiaro! Le travail est réussi avec une poupe élégante tout en étant bien charpentée et même capotée la Spider, car elle ne se nomme plus officiellement Brera, affiche une ligne savoureuse particulièrement bien mise en valeur par cette teinte merveilleuse.
La capote est électrique et s’efface en 25 secondes, elle laisse découvrir un petit habitacle où les places arrières ont été retirées. Deux superbes arceaux argentés prennent place derrière les sièges et sont suivis d'un élément stylistique fuselé qui dynamise la ligne de cette décapotable portant dignement la griffe du bureau de style Italien.
Mais comme le coupé, n'espérez pas le grand frisson, on y retrouve la plupart des mécaniques qui sont pourtant assez puissantes mais peu communicatives et qui doivent mouvoir la tonne et demi de cette belle mais lourde auto.
En 2010 elle est retirée du catalogue et sera jusqu'à aujourd'hui encore la dernière Alfa Romeo décapotable, si l'on fait abstraction de l'intouchable 8C. Le succès n'aura pas été lui non plus au rendez vous avec un peu plus de 12.000 modèles vendus, ce qui est bien peu.
Même sans mécanique digne du modèle, la Brera et la Spider resteront de jolies et désirables automobiles. Ce modèle ici exposé de 2006 reçoit une teinte "Rosso Competizione" exclusive qui lui a été appliquée pour les besoins d'une campagne publicitaire lors de son lancement. Même décriée, c'est une voiture qui me plaît toujours autant et qui ne me déplairait pas si j'avais la possibilité d'en acquérir une.