A Retromobile...
"
Maserati Shamal."
"
Une Shamal qui vous veux du bien."
Mon père avait acheté en ce milieu des années 80 une revue sur les voitures de rêve. J'était fasciné par ces modèles Italiens rouge sans imaginer pour autant qu'elles étaient à cette période dans une terrible zone de turbulences. Chez Ferrari, c'est pas franchement le pied, hormis la F40, le reste est du réchauffé et la nouvelle 348 sortie en 1989 se fait zigouiller! Du côté de Lamborghini, c'est une Countach agonisante qui semble désespérément attendre une relève trop longue à arriver. Pour De Tomaso, c'est du re-recuit, la Pantera grillée à mort est née en 1971! Pourtant cette marque d'origine Argentine à rachetée à Citroën la marque Maserati en 1975. A cette époque nombreux sont ceux qui ne connaissent même pas Maserati!
Comme quoi, tout arrive et qu'il ne faut pas toujours se fier aux prédictions, dix années plus tard, trois de ces marques vendront leurs modèles à la chaîne!
Mais revenons à Maserati. Dans les années 80 c'est la berline Biturbo et ses innombrables déclinaisons qui font bouillir la marmite. On aura tout entendu sur ces modèles au look de BMW Serie 3, un style sans saveur, un comportement aléatoire voir dangereux et une fiabilité catastrophique. Paradoxalement elles se vendaient bien! Leur prix était acceptable et le cuir plissé ainsi que la pendule ovale dorée au centre du tableau de bord se montraient pour certains être des arguments décisifs tout comme des performances sur le papier alléchantes. Mais qu'ils étaient loin les coupés grand tourisme du passé...
De Tomaso dirige Maserati mais avec le peu de moyens dont il dispose. On assiste à l’émergence des supercars et Maserati doit avoir la sienne. Seulement il est impossible de financer une telle entreprise, seule solution...la pizza. Oui, une pizza, c'est bon et ça ne coûte pas cher, surtout quand où à déjà les ingrédients, on assemble le tout sur une pâte et on met à chauffer. Et bien la Shamal c'est la pizza Neptune!
On la présente fin 1989 à la presse. C'est Marcello Gandini qui a eu la tâche de dessiner la voiture. Mais l'homme avait une contrainte, travailler sur la base existante du coupé Karif, un dérivé de la Biturbo lancée en 1981. Il doit donc dessiner une auto tout en conservant un maximum d'éléments pour en réduire les coûts. Au final, on reconnaît les origines de la voiture mais l'habile relooking de Gandini est franchement réussi.
La Shamal adopte un museau agressif avec toute une batterie de projecteurs disséminés sur une face avant aérée par de nombreuses prises d'air. Ça sent la recuisson mais l'odeur est alléchante. La calandre est toujours en place et les voies élargies virilisent furieusement le coupé. Un truc inédit, un aileron est fixé à la base du pare-brise, un détail étonnant mais qui attirent les curieux.
La châssis raccourci donne une allure plus ramassée au coupé Italien. Ses ailes gonflées sont intimidantes et le traitement noir du montant central façon arceau de renfort font de la Shamal une auto de caractère qui se remarque. L'inscription "Shamal" y prends place et derrière on trouve dans un cercle le trident de Neptune sur les montants de custodes. A cela est ajouté d'imposantes moulures de bas de caisse, des jantes spécifiques "OZ de 16 pouces et surtout une découpe inclinée des passages de roues arrières qui en fait tout le charme. Un détail que l'on retrouvera plus tard sur le coupé Fiat dessiné par Chris Bangle.
La poupe haute donne de la masse à la Shamal, les feux sont traités en noir et un bandeau de la même teinte les relie...Peugeot semble y revenir sur toute sa gamme actuelle, comme quoi on invente plus grand chose finalement. En dessous se trouve un bouclier redessiné avec 4 sorties d'échappement et un extracteur d'air.
A bord, "Shepamal" du tout, le cuir est omniprésent, des sièges aux garnitures en passant par la planche de bord. On trouve une moquette épaisse, un peu d'alcantara et des boiseries qui pouvaient être remplacées par de l'imitation carbone, franchement c'est réussi même si les inévitables boutons et commodos venus de la grande série rappellent qu'il s'agit d'un astucieux recyclage. On à même droit à deux places individuelles à l'arrière mais quasiment inexploitables à cause du raccourcissement de l'empattement. L'équipement est complet ce qui en faisait un objet très attractif, du moins si on aimait son look il est vrai singulier. Pour ma part, j'ai toujours été fan!
On se doute que le moteur est lui aussi l'éternel V6 "maison", n'oublions pas que la Shamal devait reprendre un maximum de composants disponibles au frigo. Pourtant c'est un V8 qui est installé devant! Une véritable belle surprise. Cet ensemble de 3217 Cc à 32 soupapes en aluminium s'offre deux turbos "IHI" qui portent la puissance du bloc à 325 chevaux. Le tout est guidé par une boite mécanique à 6 rapports.
En véritable Maserati, elle "démonte" côté performances, le 0 à 100 est fait en 5.3 secondes, il faut 25.6 secondes pour le kilomètre départ arrêté et la vitesse de pointe est établie à 270 Km/h. La Shamal, c'est du brutal mais si on reste humble et que l'on apprends à la décrypter, elle devient un jouet d'enfer. Bien équilibrée et maîtrisant mieux les soucis de motricité du passé, la Shamal se pilote de manière virile, du moins tant que la route est sèche, après, mettez la main droite sur votre saint Christophe collé sur la console centrale. Si la voiture ne possède pas d'ABS, le freinage a été largement proportionné et ne pose pas de problèmes.
Sportive à l'ancienne, elle ne se conduit pas au quotidien comme une Clio, rien à voir avec les sportives que l'on construit actuellement et qu'un enfant de 8 ans pourrait déplacer en appuyant sur un bouton et en effleurant la pédale de droite façon "auto tamponneuse" de luxe.
La Shamal est rare, elle ne sera fabriquée qu'entre 1990 et 1996 à 369 exemplaires. S'en suivra un rachat par Fiat qui sauvera la marque, un lien est fait avec Ferrari ensuite qui partagera ses mécaniques. Le succès sera ensuite énorme avant aujourd'hui de se stabiliser, avec Maserati, on ne sais jamais vraiment de quoi l'avenir sera fait, souhaitons à la marque le meilleur encore, le rêve ne coûte rien pour les contemplatifs comme moi. Comme souvent on peut la voir habillée de cette couleur rouge mais le nuancier proposait d'autres teintes. Mais comme moi vous le savez, elle va un peu plus vite de cette couleur, c'est bien connu!