A Automedon...
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Buick Roadmaster Convertible."
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L'Amérique idéalisée."
Si la naissance de la série des Roadmaster chez Buick remonte à 1936, les modèles qui feront la légende de cette lignée apparaîtront dès 1942. Son physique dynamique, sa ligne profilée et sa calandre chromée pleine de dents vont la faire entrer dans la légende des incroyables voitures Américaines des années 50.
A partir de ce moment là, chaque millésime sera l'occasion de monter d'un cran la surenchère de chrome, de métal et d'équipements pour se mesurer à la concurrence chaque fois plus affûtée et agressive dans sa politique de conquête. Cet age d'or se perpétuera jusqu'à son arrêt en 1958.
Ce modèle de 1955 fait partit de la sixième génération produit entre 1954 et 1956, elle ne révolutionne en rien le modèle de la génération précédente mais en magnifie la lignée. Au menu, toujours plus, plus de chromes, plus d'équipement et plus de puissance, le V8 développe cette année 200 chevaux, où plutôt "horse power" comme l'on dit ici de l'autre côté de l'Atlantique.
Avec un tel physique et des mensurations XXL, la Roadmaster symbolise cette Amérique flamboyante en technicolor qui est celle qui fait rêver toute l'Europe. Les stylistes en font des tonnes et dans tous les sens du terme. Le capot haut légèrement bombé s'orne de son viseur en forme de "V". Les optiques rondes enchâssées dans un cerclage légèrement ovalisés peuvent être vus comme des yeux et la calandre béante comme une bouche...et quelle bouche! L'ensemble est fondu dans un bouclier en chrome massif orné de d'obus aussi provocants qu'inutiles...et donc indispensables! Cette figure de style de l'époque et dénommée "Dagmar" fait référence à la poitrine généreuse d'une star du show bizz se nommant Virginia Ruth Egnor et dont le nom de scène était Dagmar.
Le pare-brise panoramique est lui aussi une star de l'époque et les ailes avant s'offrent des évacuations d'air factices de forme rondes qui feront école jusqu'en Europe. Les flancs sont recouverts d'une baguette magique qui part des ailes avant et qui décline au bas des ailes arrières pour en suivre le contour et s'achever à l'arrière de la voiture. En revanche les panneaux de carrosserie restent assez sages, seul un discret rebond se fait à l'arrière des portes.
A l'arrière les ailerons se font encore relativement sobres, le couvercle de coffre est même un peu plus haut. Reste que l'enjoliveur argenté des feux est à lui seul une pièce de décoration, pris individuellement, c'est objet de toute beauté. Le pare-choc est aussi mastoc que celui de devant et si on trouve que ceux de nos actuelles voitures ne sont plus que décoratifs et fragiles, c'était la même problématique pour ces voitures d'époque! Un accroc et il fallait y laisser un gros billet pour qu'un homme de l'art travaille sur le métal et rechrome la pièce, ça piquait bien plus qu'un voile de peinture sur une auto moderne!
a bord le spectacle est toujours aussi grandiose, les designers avaient autant d'amplitude pour laisser aller leur imagination jusqu'au bout. Style, couleurs, matériaux, rien n'était trop beau pour que le conducteur et ses passagers voyagent heureux. Inox gaufré, peinture bicolore, chromes et accessoires stylisés, le tout avec un équipement complet fait d'aides électriques très innovantes à l'époque, là dessus les Américains avaient vraiment un coup d'avance.
En revanche les dessous étaient en général moins flatteurs et plus rustiques. De lourds châssis digne d'un véhicule utilitaire qui rendaient ces automobiles dodelinantes et chaloupantes dès que la chaussée se dégradait où qu'une série de virages mettait à l'épreuve ces tonnes d'acier qui semblaient ne pas vouloir suivre le bitume. Les pneus hurlaient de désapprobation et la voiture semblait vouloir suivre ce que dictaient les lois de la nature plus que le ce que demandait l'angle du volant. Idéales pour "cruiser" à bonne allure sur de longues lignes droites, elles étaient en revanche de parfaites locomotives au long cours.
Sous le capot est inséré un V8 5272 Cc d'une puissance de 236 chevaux associé à une boite automatique Dynaflow...à 2 rapports. L'engin pèse quasiment deux tonnes et atteint les 180 Km/h pur un 0 à 100 en 11.2 secondes, ce qui était pas mal pour un tel mastodonte. Comme vous pouviez le craindre, la moyenne de sans plomb était de 20 litres au 100, heureusement que le carburant aux USA a toujours été bon marché.
Disponible en berline avec où sans montants, la Roadmaster se faisait bien plus désirable dans ses exécutions coupé et cabriolet comme ici, des voitures parfaites pour profiter des routes ensoleillées de Californie où de Floride.