Impeccable, on va coller à l'actualité avec une petite visite Porte de Versailles afin de voir quelques petites pépites vues pour cette nouvelle édition de Retromobile.
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Chevrolet Corvette C1."
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La bonne formule."
On l'oublie souvent mais lorsque Chevrolet lance en 1953 sa Corvette, c'est pour répondre à une demande des clients Américains désirant une petite voiture de sport économique à l'image des roadsters Européens qui se vendent en masse sur le sol Américain. Les "Yankee" sont fous des petites sportives décapotables venues d'Angleterre et d'Italie, elles séduisent ces clients qui ne trouvent pas de modèles équivalent aux USA où les voitures sont bien plus grosses et plus lourdes.
Chevrolet dévoile en 1953 celle qui doit être la rivale Américaine à ces petits bolides exotiques, elle se nomme Corvette. C'est une fois de plus Harley Earl qui dirige une équipe motivée qui doit répondre à un strict cahier des charges. L'innovation première sera d'adopter une carrosserie constituée de matériaux composites, ce qui est une première en grande série aux USA. Le dessin a été très soigné et réponds parfaitement à l'attente des ingénieurs. De petit gabarit, la toute première Corvette hérite d'un style séduisant capable de faire de l'ombre aux jouets venus du vieux continent. L'intérieur est délicieusement réalisé, le mobilier offre une planche de bord symétrique très en vogue aux USA à cette époque, les garnitures colorées ainsi que l'instrumentation riche donne une claque aux petites Anglaises bien plus rustiques de ce côté. Mais si à cette époque les constructeurs d'outre Atlantique offrent des nuanciers épais comme un annuaire, la première version de la Corvette n'est disponible...qu'en blanc avec un intérieur rouge! Pour moi ce n'est pas gênant, j'aime beaucoup cette harmonie, pour les autres, il faudra s'en contenter...où aller voir ailleurs!
Légère, elle s'équipe d'une mécanique six cylindres en ligne dite "Blue Flame" de 150 chevaux. Hélas, si la fiche technique est alléchante, en réalité elle laisse le pilote sur sa faim. En plus elle n'est disponible qu'en boite automatique à 2 rapports, pour le sport, on repassera! Toutefois la Corvette se monte ludique à conduire et ses ventes débutent correctement.
Constatant que la Corvette n'est pas le raz de marée espéré, on lui offre en 1954 le choix d'autres teintes mais rien d'autre. Déjà la presse critique son confort ferme et toujours ce manque de plaisir au volant, à ce moment là, on réfléchit sérieusement à stopper l'aventure. Et oui, une auto qui commence sa carrière de cette manière à rarement une seconde chance sans gros correctifs.
Alors en 1955 Chevrolet prends la décision de lui offrir une mécanique digne de ce nom, elle s'équipe ainsi d'un V8 et lui restera fidèle toute sa vie! Cet ensemble 4.3 litres affiche maintenant 195 chevaux et on peut enfin choisir une boite mécanique... mais à 3 rapports. En fait elle doit répondre à l'arrivée de la Ford Thunderbird qui est la réponse à la Corvette. Sauf que la "T'Bird" est un carton dès son lancement contrairement à la Corvette et qu'elle impose elle directement un bloc V8. Chevrolet améliore sa fabrication, ses finitions et son équipement, elle doit mettre toutes les chances de son côté. Pour le style, il n'évolue que dans le détail, la ligne est identique à celle sortie deux ans plus tôt.
Le bilan au cours de ce millésime...est médiocre. La Corvette, même avec son V8 ne voit pas de progrès sur ses ventes, pire, les commandes baissent, on songe à ce moment à sa mise à la retraite avec pertes et fracas. Mais Chevrolet est piqué au vif, la Thunderbird sortie après elle lui a mis une sévère déculottée, on va lui donner une ultime chance, juste pour son honneur, on verra bien.
Alors en 1956 on retouche en profondeur le dessin de la Corvette. L'avant voit ses phares inclinés sous une grille chromée remplacés par des optiques ronds en bouts d'aile. Elle ne fait pas plus moderne mais l'évolution lui donne une allure plus virile. Sur les flancs, des courbures concaves partant des arches de arches de roues offriront désormais une signature visuelle à la Corvette, ils peuvent être peints d'une autre couleur. La plupart associeront une carrosserie rouge et une nuance de blanc dans cette partie. Un trait de génie qui va contribuer à lui donner une nouvelle carrière.
Enfin l'arrière est métamorphosé, adieu les feux en pointe sur cette sorte d'aileron, les ailes sont désormais rabotées et arrondies, la voiture semble plus compacte et sportive. Les feux sont insérés avec discrétion dans le nouvel emboutit, ce dernier s'offrant des protections chromées verticales dans lesquelles sort de part et d'autres les sorties d'échappement. Ah, ils savaient y faire les "Ricains"! Quand à la malle, elle devient lisse, la plaque d'immatriculation prenant maintenant place entre deux demi-lames de pare-chocs centraux (en fait qui servent d'éléments décoratifs) arborant de discrets obus. Ah oui, dernier détail, un hard-top peut recouvrir le toit en plus de la capote, la Corvette est à la fois un cabriolet et un coupé tant il est bien dessiné et s'intègre à la perfection à la carrosserie.
En ouvrant la porte par contre, on retrouve l'habitacle originel de la Corvette et son style si singulier qui semble lui ne pas déranger les acheteurs. Sous le capot il n'est plus possible de prendre le six cylindres "Blue Flame" qui à rejoint le musée, la Corvette, c'est V8 où rien! Il est disponible sous 3 puissances, 210, 225 et 240 chevaux.
Enfin la Corvette attire de nouveau les amoureux de mécanique, les vente remontent et pour 1957 on décide de la muscler un peu plus, la Corvette semble mûrir à son rythme, en réalité plus rien ne va l'arrêter à partir de là. L'injection fait son entrée, la cylindrée est plus haute, 4.6 litres, la puissance augmente, ainsi on peut opter pour une mécanique de 220, 245, 250, 270 et 283 chevaux. Quand à la boite mécanique, elle devient à 4 rapports, doucement la Corvette se bonifie.
C'est un tournant en 1958, la Corvette à finit par battre la Ford Thunderbird qui va devenir un gros et luxueux coupé, la voie est libre et on lui donne un nouveau visage, elle s'offre ainsi quatre phares ronds. Ils encadrent une calandre plus grande et plus agressive, elle va devenir sous cette forme l'une des plus désirable Corvette de toute l'histoire. Elle grandit un peu aussi, prends quelques kilos mais réuni tout ce que les Américains voulaient au départ, du tape à l’œil et des performances, le tout allié à un comportement joueur, pour beaucoup ce millésime symbolise le plus bel équilibre de la première génération de corvette. Les moteurs 4.6 litres sont disponibles en 230, 245, 250, 270 et 290 chevaux, ça monte!
Avec ce gros lifting, on la laisse tranquille en 1959, seul quelques chromes lui sont retirés mais pour le reste, y compris les moteurs, rien ne change.
Il faut attendre 1960 pour voir les puissances encore grimper, l'offre est ainsi constituée de mécaniques 230, 245, 270, 275 et 315 chevaux. La Corvette franchit un cap et n'est plus la rivale des petits roadsters Européens, c'est à partir de maintenant une voiture de sport 100 Américaine. Et puis ses ventes ne font que monter, elle devient une véritable coqueluche.
Côté design, rien n'est grandement modifié, son style faisant l'unanimité, mieux encore, c'est elle qui va désormais partir à la conquête de la vieille Europe. Une belle ironie de l'histoire!
En 1961 la Corvette première génération à déjà 8 ans mais elle a été lourdement modifiée depuis son lancement, c'est en réalité une tout autre voiture. Bill Mitchell qui vient d'intégrer GM dépoussière un peu la voiture. La calandre est simplifiée, plus de "dents" chromées mais une fine grille tandis que les entourages de phares sont désormais peints ton caisse et non plus chromés.
Mais c'est l'arrière qui est transfiguré. Tout change à partir des ailes qui prennent du muscle et s'offre ce style "Bottle Coke". Le couvercle de coffre est maintenant quasi horizontal, les feux en bouts d'ailes n'existent plus et ce sont quatre petits ronds rouges qui sont logés dans sur un panneau entièrement lisse n'ayant plus aucun rapport avec celle tout en courbes des modèles précédents, la transformation sous cet angle est spectaculaire. Elle sera d'ailleurs reprise sur la Corvette C2. Les échappements eux ne décorent plus les "bananes" de pare-choc mais sont cachés sous la jupe arrière.
A bord aussi le changement est massif, la symétrie des premiers modèles n'existe plus, le compteur "demi lune" est plus grand et tous les manomètres disposés au centre ont été regroupés de part et d'autre du volant. Une épaisse console centrale apporte une touche de bourgeoisie et ds garnitures en inox de la modernité. Le côté passager est reculé et une barre de maintient est fixée devant lui. Ce nouvel habillage est sublime et entre les deux ambiances intérieures, je ne saurais pas juger celui que je trouve le plus séduisant. Ils sont pourtant très différents mais offrent un charme dont seul les Américains avaient le don de les concevoir. L'offre mécanique en revanche est exactement identique à celle de 1960.
Dernière année en 1962 pour la Corvette C1, une toute nouvelle est prête à être dévoilée et on va peu modifier cette dernière "cuvée". La peinture deux tons n'est plus disponible et quelques détails changent.
Mais c'est le moteur qui fera l'objet de plus d'attention, le V8 passe à 5.3 litres, il est disponible en 250, 300, 340 et 360 chevaux, la Corvette 1962 est la plus puissante de la série et elle peut atteindre les 240 Km/h. Les Américains en sont fous, elle a réussi l'incroyable défi qui lui étant lancé neuf ans plus tôt, c'est l'une des Américaine les plus désirée à travers le monde!
A 65 ans aujourd'hui elle est est à sa septième génération et il faudrait une encyclopédie en 10 volumes pour faire le tour de tous les modèles vendus depuis son lancement. Ce modèle de 1959 exposé sur le stand "Meguiar's" s'offrait une teinte fort originale que ce joli bleu clair enjolivée par cette belle moulure blanche du plus bel effet.